La Biélorussie a provoqué un tollé international après avoir intercepté un vol de ligne pour arrêter un opposant au régime en place.
« Un acte de piraterie d’État qui ne peut pas rester impuni. » Ce lundi 24 mai, Clément Beaune, le secrétaire d’État français à l’Union européenne, a réagi fermement au détournement d’un avion de ligne par les autorités biélorusses pour arrêter un opposant, dimanche.
Si vous n’avez pas suivi l’affaire, on vous l’explique en cinq questions.
1. Que s’est-il passé ?
Un chasseur biélorusse a intercepté un avion de ligne de la compagnie RyanAir qui effectuait la liaison Athènes-Vilnius. À son bord, se trouvait Roman Protassevitch, un opposant au régime biélorusse.
L’appareil a été contraint de se poser à Minsk, où Roman Protassevitch a été arrêté. En début de soirée, l’avion a finalement pu reprendre son vol à destination de la Lituanie, où il s’est posé avec plusieurs heures de retard sur l’horaire prévu.
2. Qui est Roman Protassevitch ?
Roman Protassevitch, 26 ans, est l’ancien rédacteur en chef de l’influent média d’opposition biélorusse Nexta. Il réside en Pologne.
En novembre, les services de sécurité biélorusses (KGB), hérités de la période soviétique, avaient inscrit son nom et celui du fondateur de Nexta, Stepan Poutilo, sur la liste des « individus impliqués dans des activités terroristes ».
Nexta a joué un rôle clé dans la récente vague de contestation à la réélection en 2020 du président Loukachenko, qui occupe ces fonctions depuis 1994.
L’arrestation du militant a été immédiatement condamnée par la figure de l’opposition biélorusse en exil en Lituanie, Svetlana Tikhanovskaïa. Sur Twitter, elle a souligné qu’il encourait « la peine de mort », sentence que la Biélorussie est le dernier pays à appliquer en Europe.
3. Quelles ont été les réactions internationales ?
Cette affaire a provoqué un tollé international. L’Organisation de l’aviation civile internationale, organisme rattaché à l’ONU, a avancé que l’atterrissage forcé « pourrait être une violation de la Convention de Chicago », qui protège la souveraineté de l’espace aérien des nations.
L’Union européenne a fustigé « une action complètement inacceptable » de Minsk, à l’instar de l’Allemagne, la France et la Pologne, tandis que le secrétaire général de l’Otan Jens Stoltenberg a réclamé des investigations sur cet « incident sérieux et dangereux ».
Le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, a condamné « fermement le détournement forcé d’un vol entre deux États membres de l’UE, et l’exfiltration puis l’arrestation qui ont suivi du journaliste Roman Protassevitch à Minsk ». Les États-Unis ont également demandé « la libération immédiate » de ce dernier.
4- Comment se justifie la Biélorussie ?
Minsk assure avoir agi dans la légalité et dénonce des accusations sans fondement.
La télévision publique biélorusse a assuré que l’avion s’était posé à Minsk en raison d’une « alerte à la bombe » qui s’est révélée être fausse et que Roman Protassevitch n’a « suscité l’intérêt des forces de l’ordre » qu’au moment où les passagers ont « repassé le contrôle aux frontières et les douanes ».
La chaîne Telegram « Pool Pervogo », qui fait office de compte non-officiel de la présidence biélorusse, a de son côté publié un message afin de « dissiper tous les mythes et spéculations ».
Défendant là aussi avec insistance la version de l’alerte à la bombe, elle a souligné que l’appareil se trouvait à ce moment-là dans l’espace aérien biélorusse et que « conformément aux normes, le contrôleur de vol doit proposer à l’équipage l’aéroport le plus proche au moment de la réception du message, soit l’aéroport de Minsk ».
5- Quelles sont les sanctions envisagées ?
Les chefs d’État et de gouvernement de l’Union européenne doivent examiner lundi soir de nouvelles sanctions contre le régime autoritaire de Minsk. Une centaine de responsables biélorusses, dont le président Alexandre Loukachenko, sont déjà sous sanctions européennes en raison des atteintes aux droits de l’Homme dans cette ex-république soviétique.
La France a déjà suggéré une « interdiction de l’espace aérien » de la Biélorussie. « Ça fait aussi des recettes en moins pour le régime biélorusse parce que tout survol d’un espace aérien ce sont une partie de taxes aériennes qui reviennent » au pays concerné, a précisé Clément Beaune.
(SELON MSN)