Afghanistan : le mollah Baradar, cofondateur des talibans, est à Kaboul pour discuter de la formation d’un gouvernement Alors que des pourparlers politiques sont annoncés, les évacuations organisées par les Etats-Unis et plusieurs pays européens se poursuivent dans des conditions difficiles

Le cofondateur et numéro deux des talibans, le mollah Abdul Ghani Baradar, est arrivé samedi 21 août à Kaboul, la capitale de l’Afghanistan, pour des pourparlers avec d’autres membres du mouvement et des responsables politiques, afin d’établir un nouveau gouvernement afghan.

Il doit « rencontrer des responsables djihadistes et des responsables politiques pour l’établissement d’un gouvernement inclusif », a déclaré à l’Agence France-Presse (AFP) un haut responsable taliban.

Le mollah Baradar est rentré mardi, deux jours après le retour des talibans au pouvoir en Afghanistan, en provenance du Qatar, où il dirigeait le bureau politique de leur mouvement. Il a atterri à Kandahar, province du sud de l’Afghanistan et fief des talibans.

Abdul Ghani Baradar est le cofondateur des talibans avec le mollah Omar, mort en 2013 mais dont la mort a été cachée deux années durant. Vice-ministre de la défense sous le régime taliban (1996-2001), il a ensuite fui au Pakistan où il a été arrêté en 2010, avant d’être libéré en 2018 sous la pression des Etats Unis, désireux de relancer le dialogue avec les talibans. C’est lui qui a mené la négociation aboutissant à l’accord de Doha sur le retrait américain en février 2020.

  • L’aéroport de Kaboul momentanément saturé

Alors que les contours du gouvernement taliban s’esquissent, moins d’une semaine après leur arrivée au pouvoir, dimanche, les évacuations se poursuivent non sans difficulté à Kaboul. Cette gigantesque opération, qualifiée par Joe Biden de « l’une des plus difficiles de l’histoire », mobilise des avions du monde entier pour évacuer par l’aéroport de la capitale afghane des diplomates, d’autres étrangers et des Afghans fuyant le pays. De retour de Kaboul, un pilote militaire tchèque a décrit les conditions difficiles des rotations aériennes avec l’Afghanistan, sans véritable contrôle aérien, sans approvisionnement possible en kérosène sur place et avec des décollages périlleux.

Vendredi, les évacuations de civils par les Etats-Unis ont repris à l’aéroport de Kaboul après plusieurs heures d’une suspension due à la saturation de la base américaine au Qatar, où les évacués étaient dirigés dans un premier temps, a annoncé le Pentagone.

 « Les lieux d’accueil au Qatar étaient tout simplement arrivés à pleine capacité, a précisé le porte-parole du ministère de la défense, John Kirby. Il n’y avait plus de place pour y diriger davantage de gens. »

Le département d’Etat a été critiqué pour sa gestion bureaucratique de la crise, qui voit des milliers de personnes âgées et d’enfants attendre pendant plusieurs jours dans des conditions précaires les documents qui leur permettront de quitter ces bases intermédiaires pour atteindre les Etats-Unis. Des témoignages d’Afghans évacués vers le Qatar font état de centaines de personnes dormant à même le sol dans des hangars à avions pendant plus de trois nuits d’affilée, dans une chaleur suffocante et avec un accès très limité à des toilettes ou des douches.

Les Etats-Unis, qui recherchent d’autres destinations initiales pour ces vols, ont obtenu le feu vert de Berlin pour que certains évacués soient dirigés vers l’Allemagne, où les Etats-Unis disposent de nombreuses bases militaires, notamment celle de Ramstein. Les Etats-Unis ont déjà évacué plus de 13 000 personnes depuis le début des opérations via leurs bases au Koweït et au Qatar et prévoient d évacuer 30 000 Américains et civils afghans au total.

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