Faut-il tirer un trait sur l’immunité collective, cet horizon présenté depuis plusieurs mois par les épidémiologistes comme un objectif qui nous rapprocherait de la fin de l’épidémie ?
Alors que la plupart des pays se sont lancés depuis le début de l’année dans une course à la vaccination pour espérer atteindre une protection de leur population permettant de relâcher les mesures de restriction des libertés ou les gestes barrières, une phrase venue d’outre-Manche a semé la confusion. « Avec ce variant [Delta], nous sommes dans une situation où l’immunité collective n’est pas possible à atteindre, car il infecte toujours les individus vaccinés », a expliqué, le 10 août, aux parlementaires britanniques Andrew Pollard, directeur de l’Oxford Vaccine Group, qui a développé le vaccin d’AstraZeneca avec le groupe pharmaceutique anglo-suédois.
Un variant plus transmissible, des vaccins qui ne bloquent pas entièrement les infections et la transmission du virus… La conjoncture estivale a aussi fait dire, dans le Journal du dimanche du 15 août, à Alain Fischer, président du Conseil d’orientation de la stratégie vaccinale française (COSV), que « la vision que l’on peut avoir de l’immunité de groupe aujourd’hui n’est malheureusement pas celle d’il y a dix-huit ou même six mois ». Il précise au Monde : « On s’attache un peu trop à l’immunité collective », reconnaissant que « c’est peut-être un peu notre faute parce que ça a beaucoup été mis en avant par les épidémiologistes et les immunologistes ».
Pour autant, cette notion centrale reste d’actualité pour peu que l’on s’accorde sur sa définition. Plus important, les interrogations sur la possibilité d’atteindre ou non cette immunité collective ne remettent pas en cause la nécessité de vacciner la plus large proportion possible de la population.