La police anti-émeute a mené des patrouilles dimanche sur les deux ponts historiques de la ville iranienne d’Ispahan, où le calme est revenu après les protestations émaillées de violences contre l’assèchement d’une rivière emblématique.
« Dans la matinée, la ville était calme et la circulation normale. J’ai vu des policiers anti-émeute patrouillant dans le lit de la rivière entre les ponts historiques, mais leur nombre était inférieur à samedi », a déclaré un photographe local joint par téléphone.
Depuis plus de deux semaines, des dizaines de milliers de personnes, selon la police, se sont rassemblées dans la troisième ville du pays pour se plaindre de la terrible sécheresse et reprocher aux autorités de détourner l’eau de cette région pour approvisionner la province voisine de Yazd qui manque aussi cruellement d’eau.
Vendredi, pour la première fois, la manifestation a été émaillée de heurts entre forces de l’ordre et protestataires. Le lendemain, les autorités ont annoncé 67 arrestations parmi les « principaux auteurs et fauteurs de troubles », faisant état d' »environ 2.000 à 3.000 émeutiers ».
La police a tiré des grenades lacrymogènes sur les protestataires qui ont riposté avec des jets de pierres, selon l’agence de presse Fars.
Le porte-parole de l’hôpital universitaire d’Ispahan a fait état de manifestants blessés, dont « deux dans un état grave ».
Le chef de la police d’Ispahan, Mohammad-Réza Mirheidari a qualifié « d’opportunistes et de contre-révolutionnaires » ceux qui ont participé aux troubles.
Le journal ultraconservateur Kayhan fait dimanche le lien entre la reprise des pourparlers sur le nucléaire lundi à Vienne entre l’Iran et les grandes puissances, et les manifestants d’Ispahan, présentés comme faisant le jeu de l’ennemi américain.
« Les événements de vendredi autour de (la rivière asséchée) Zayandeh-Roud témoignent de l’infiltration d’une cinquième colonne américaine, à l’approche des pourparlers de Vienne, pour provoquer une émeute et pousser à de (nouvelles) sanctions » américaines contre l’Iran, écrit le journal.
La rivière Zayandeh-Roud qui traverse Ispahan est à sec depuis 2000, sauf pour quelques brèves périodes. Elle est devenue le principal lieu de rassemblement des manifestants.