– Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune a qualifié, dans une interview accordée à l’hebdomadaire allemand Der Spiegel, de « très graves » les propos du Président français, Emmanuel Macron, sur l’Algérie.
« Quand un chef d’Etat déclare que l’Algérie n’était pas une nation à part entière, cela devient très grave », a indiqué le Président Tebboune dans cette interview, soulignant qu’il « ne s’agit pas d’un problème personnel (avec Macron), mais d’un problème national ».
« L’on ne touche pas à l’Histoire d’un peuple et on n’offense pas les Algériens », a-t-il dit, qualifiant les propos de Macron de « vieille haine ».
« Macron a relancé complètement et inutilement une vieille querelle », a précisé le chef de l’Etat, faisant observer que « si le journaliste d’extrême droite Eric Zemmour tenait de tels propos, personne n’y prêterait attention, mais quand un chef d’Etat déclare que l’Algérie n’était pas une nation à part entière, cela devient très grave ».
Toutefois, pour le Président Tebboune, « Macron est loin de penser ainsi », estimant que ses propos sont motivés par des « raisons électorales », estimant qu’avec cette déclaration, Macron « s’est rangé du côté de ceux qui justifient la colonisation ».
Interrogé sur la question de la Mémoire, le président de la République a indiqué que « l’Algérie n’a pas besoin d’excuses de la part de Macron pour des événements qui se sont déroulés en 1830 ou en 1840, mais exige une reconnaissance pleine et entière des crimes commis par les Français ».
« Macron l’a déjà fait quand, en 2017, il avait déclaré publiquement que la colonisation était un crime contre l’humanité », a ajouté le Chef de l’Etat, relevant que « les Allemands ont détruit un village entier à Oradour-sur-Glane en 1944 et que ce massacre est encore commémoré à ce jour ».
Pour M. Tebboune, « il y a des dizaines d’Oradour-sur-Glane en Algérie où les Français avaient amené les habitants de nombreux villages dans des grottes et y ont mis le feu pour les asphyxier ».
A une question sur une éventuelle réouverture de l’espace aérien aux avions militaires français, il a répondu en affirmant: « Non, si les Français veulent aller au Mali ou au Niger, désormais ils devront voler 9 heures au lieu de 4. Toutefois, nous sommes disposés à faire une exception pour secourir les blessés ».