En ce mois d’octobre rose, alors que le monde se pare de rubans pour sensibiliser au cancer du sein, je voudrais vous parler de quelque chose d’essentiel : vous. Oui, vous qui lisez ces lignes, vous qui jonglez entre mille responsabilités, vous qui donnez sans compter.
Nous vivons dans un monde qui célèbre la productivité comme une vertu suprême. Que nous soyons femmes au foyer orchestrant la symphonie complexe d’un quotidien familial, ou femmes actives naviguant entre obligations professionnelles et vie personnelle, nous avons toutes intégré cette injonction silencieuse : être efficace, être présente, être à la hauteur. Toujours.
Et dans cette course effrénée, quelque chose de précieux glisse doucement vers le bas de notre liste de priorités. Quelque chose d’irremplaçable : nous-mêmes.
Se négliger ne commence pas par un grand abandon. C’est subtil. C’est ce rendez-vous médical reporté « parce qu’il y a plus urgent ». C’est cette fatigue persistante qu’on ignore « parce que ça va passer ». C’est cette autopalpation mammaire qu’on oublie de faire, mois après mois. C’est ce sommeil rogné pour finir les tâches inachevées.
Petit à petit, nous nous habituons à nous placer en second. Après les enfants. Après le conjoint. Après le travail. Après la maison. Après tout le monde et tout le reste.
Mais voici une vérité que nous oublions trop souvent : prendre soin de soi n’est pas de l’égoïsme. C’est de la responsabilité.
Octobre rose nous rappelle l’importance du dépistage précoce du cancer du sein. Mais au-delà de cette cause vitale, ce mois symbolique devrait être un électrochoc salutaire : notre santé ne peut pas attendre notre bon vouloir ou notre disponibilité.
Le cancer, la maladie, l’épuisement ne consultent pas notre agenda. Ils ne demandent pas si c’est le bon moment. Ils surviennent, tout simplement. Et quand ils le font, toute cette vie bien huilée que nous avons construite autour de nous s’effondre.
Il est temps de briser ce schéma. Il est temps de comprendre que nous occuper de notre santé, c’est aussi prendre soin de ceux que nous aimons. Car une femme épuisée, malade ou brisée ne peut plus être ce pilier sur lequel tant de gens s’appuient.
Prendre ce rendez-vous chez le gynécologue, ce n’est pas du temps perdu. Faire cette mammographie, ce n’est pas céder à l’angoisse. Écouter les signaux de son corps, ce n’est pas être douillette. C’est être lucide. C’est être sage. C’est s’aimer suffisamment pour refuser de se sacrifier sur l’autel des obligations.
Alors en cet octobre rose, je vous lance un défi. Non pas de porter un ruban ou de partager un message sur les réseaux sociaux, mais de poser un acte concret pour vous-même.
Prenez ce rendez-vous médical que vous reportez depuis des mois. Planifiez votre dépistage. Prenez le temps de vous examiner. Écoutez cette petite voix intérieure qui vous dit que quelque chose ne va pas. Dormez suffisamment. Mangez correctement. Accordez-vous le droit de souffler.
Car vous n’êtes pas invincible. Vous êtes humaine. Merveilleusement, précieusement humaine. Et vous méritez les mêmes soins, la même attention, la même bienveillance que vous offrez si généreusement aux autres.
Votre santé est votre bien le plus précieux. Sans elle, tous vos projets, tous vos rêves, toutes vos responsabilités perdent leur sens. Elle est la fondation sur laquelle repose votre capacité à être présente, productive, aimante.
Ne la sacrifiez pas. Ne la négligez pas. Ne la remettez pas à plus tard.
Aujourd’hui, en ce moment même, prenez la décision de vous placer sur la liste de vos priorités. Pas en dernier. Pas après tout le reste. Maintenant. Tout de suite.
Parce que vous comptez. Parce que votre vie compte. Parce que vous méritez de vivre pleinement, longtemps, en bonne santé.
Prendre soin de vous, c’est le plus beau cadeau que vous puissiez faire à ceux qui vous aiment. Commencez aujourd’hui.
Sara Boueche