Dans une grande exposition, le musée d’Orsay nous raconte comment, au XIXe siècle, les artistes ont été fascinés comme tous leurs contemporains par la découverte des confins, des dinosaures et des premiers hommes, alors que les théories de Darwin remettaient l’homme au milieu des être vivants et non plus au sommet.
A l’heure où la question de la place de l’homme dans la nature se pose de nouveau, de façon dramatique, le musée d’Orsay s’est interrogé sur les rapports entre les arts et les sciences au XIXe siècle. Il a voulu montrer la fascination et l’inquiétude des artistes face aux découvertes majeure à cette époque où une nouvelle place est assignée à l’homme. Celui-ci devient un animal comme un autre et son regard sur les êtres animés se modifie.
L’exposition Les Origines du monde, l’invention de la nature au XIXe siècle, organisée en partenariat avec le musée des Beaux-Arts de Montréal et le Museum national d’histoire naturelle, devait commencer le 10 novembre 2020, juste au moment du deuxième confinement. Prête alors à ouvrir ses portes, elle attend ses visiteurs depuis six mois. Elle a été prolongée jusqu’au 18 juillet et peut enfin les accueillir, notamment les enfants, qui peuvent suivre un parcours de cartels signalés par un éléphant.
« Nous avons essayé dans cette exposition de réunir les arts et les sciences un peu comme le voulaient les savants après la Révolution française, au moment de la création du Louvre où on espérait construire un seul grand musée réunissant les sciences, les arts et les techniques », explique Laura Bossi, neurologue, historienne des sciences et commissaire générale de l’exposition.
La découverte des animaux et végétaux du monde
L’éléphant, comme la girafe ou le rhinocéros, est emblématique d’un nouveau rapport au monde qui se développe avec la multiplication des expéditions aux quatre coins du monde. Les explorateurs emmènent des artistes dans leurs bagages qui observent les nouvelles contrées. On rapporte aussi en Europe des spécimens de plantes et d’animaux qui suscitent l’émerveillement. Une très jolie section aborde cet engouement pour les espèces exotiques.
« On a essayé de construire un parcours rigoureux, qu’on peut lire et étudier, et aussi montrer l’émerveillement devant la beauté ou l’étrangeté des formes naturelles », souligne Laura Bossi.
On y rencontre la première girafe vue en France : baptisée Zarafa (girafe en arabe), elle a été offerte par le pacha d’Egypte Mohammed Ali au roi Charles X. Arrivée à Marseille en 1826, elle traverse à pied toute la France, fascinant le pays, et sera pendant 18 ans la star de la ménagerie du Jardin des plantes. On la découvre en diorama (modèle réduit en trois dimensions) dans sa résidence parisienne. C’est en peinture qu’on peut voir sa cousine londonienne, offerte au roi George IV, qui supporte moins bien l’exil et meurt deux ans après son arrivée. Après le rhinocéros Mademoiselle Clara, qui a fait le tour de l’Europe, elles sont parmi les premiers animaux lointains « à avoir une biographie », souligne la commissaire.
(SELON MSN)