Côte d’Azur : Prolifération d’une espèce, apparition d’une autre… Pourquoi avons-nous l’impression d’être envahis par les méduses ?

En 2012, l’Observatoire d’océanologie de Villefranche-sur-Mer avait comptabilisé entre 100 et 200 tonnes de méduses au km² dans la région

ÇA PIQUE – En 2012, l’Observatoire d’océanologie de Villefranche-sur-Mer avait comptabilisé entre 100 et 200 tonnes de méduses au km² dans la région

Ces dernières semaines, les baigneurs de la Côte d’Azur ont signalé avoir vu une méduse encore inconnue jusque-là dans les eaux méditerranéennes. « Cette Equorée, aequora forskalea de son nom latin, n’est pas une nouvelle espèce, affirme Olivier Brunel, chef du service aquarium du musée océanographique de Monaco. C’est cependant surprenant de l’observer par ici sachant qu’elle existe davantage en Atlantique. »

Le responsable de l’aquarium développe : « Depuis six ans que je suis dans la région, c’est la première fois que j’en vois. Quand on met la tête sous l’eau, on les remarque car elles sont par vingtaine, parfois une centaine en file, transportées dans le courant. » A ce fait exceptionnel, un autre qui ne l’est plus du tout : la présence de la plus célèbre des méduses pour les touristes, la Pelagia, très urticante contrairement à l’Equorée.

Cinq ans avec des méduses, cinq ans sans méduses

« On a l’impression d’être envahi chaque été parce que c’est à ce moment-là que les gens vont à l’eau, précise Fabien Lombard, chercheur à l’laboratoire d’océanographie de Villefranche-sur-Mer​. Comme on n’a pas vraiment d’outils de mesures fiables, ce sont eux qui nous servent de collectes d’informations. On ne peut pas vraiment dire s’il y en a davantage mais en 2012, on comptait entre 100 et 200 tonnes de méduses au km². »

La Pelagia est donc présente tout au long de l’année en Méditerranée. « En fonction des vents, elle est transportée jusqu’au bord des plages mais si le jour d’après il y a des vents inverses, on pense qu’il n’y en a plus », précise Fabien Lombard, également maître de conférences à Sorbonne Université. « Ce qui est à noter, par contre, c’est qu’il n’y a plus d’année à méduse. Depuis 1993, elles sont systématiquement là tous les ans alors qu’avant, c’était par période. On passait cinq ou six ans avec des méduses puis cinq ou six ans sans méduses ».

« Un signe de dérèglement »

Avec plus d’une centaine d’espèces différentes au large de nos côtes, « cette situation n’est pas dramatique mais c’est le signe d’un dérèglement, que quelque chose ne va pas », analyse le chef de service au musée de Monaco. « L’activité humaine, qui pollue notre environnement et élimine les autres poissons qui se nourrissent également du plancton, donne des conditions favorables aux méduses pour se développer. En plus, elles n’ont plus de prédateurs comme les tortues alors elles continuent de se reproduire. »

Pour les deux spécialistes, il faut que l’écosystème soit rééquilibré. « L’océan vit très bien depuis 600 millions d’années avec les méduses, précise le chercheur. Mais il est arrivé qu’un bloom de méduses fasse couler des navires ou stoppe le bon fonctionnement d’une centrale nucléaire proche de la mer. En Méditerranée, c’est la Pelagia qui gêne surtout les touristes. »

Il existe alors des systèmes de filets installés pendant la saison estivale. « Un pansement peu efficace » et une logistique « lourde en termes de maintenance » pour les spécialistes. Le maître de conférences ajoute : « Il ne faut pas chercher à lutter contre la prolifération en tapant sur le symptôme mais il faut agir sur les causes. L’environnement a sa manière de fonctionner, ce n’est pas un système libre-service, il ne faut pas jouer avec lui. Le tout est de prendre soin de notre planète ».

Pour observer la Pelagia de près sans se faire piquer, il est toujours possible d’aller au musée océanographique de Monaco, où il y en a qui sont élevées. « C’est un support de méditation parfait pour sensibiliser sur ce qu’il se passe dans la mer et c’est magnifique à regarder », souligne le chef du service de l’aquarium.

(SELON MSN)

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