Ethiopie : l’avancée décisive des rebelles marque un tournant dans la guerre au Tigré

Les Forces de défense tigréennes ont repris la capitale régionale, Makalé, forçant le gouvernement éthiopien à décréter, lundi 28 juin, un « cessez-le-feu unilatéral », selon le monde fr.

 

Sept mois, jour pour jour, après avoir dû abandonner Makalé face aux assauts de l’armée fédérale éthiopienne, les rebelles des Forces de défense tigréennes (Tigray Defense Forces, TDF) ont repris le contrôle de la capitale provinciale du Tigré, lundi 28 juin. Dans cette région du nord de l’Ethiopie, en guerre depuis novembre 2020, les derniers jours ont été le théâtre d’un spectaculaire renversement de situation militaire, forçant le gouvernement éthiopien à décréter un cessez-le-feu dans la soirée de lundi.

La confrontation militaire entre les autorités locales dissidentes, issues du Front populaire de libération du Tigré (FPLT), et le gouvernement fédéral, entamée le 4 novembre 2020, a longtemps donné l’impression d’être à l’avantage des forces du premier ministre, Abiy Ahmed, appuyées par les troupes de l’Erythrée voisine. Les deux armées ont contrôlé la totalité des villes du Tigré, traquant de longs mois durant les combattants fidèles au FPLT dans les montagnes de la région.

Dès le 28 novembre 2020, les troupes fédérales éthiopiennes entraient triomphalement dans Makalé, après trois semaines de combats intenses. Quelques jours plus tard, une visite d’Abiy Ahmed venait symboliquement entériner la prise de la capitale provinciale et la mise en déroute du FPLT. Arborant son uniforme militaire, le premier ministre se déclarait « heureux d’annoncer la fin officielle des opérations militaires au Tigré ». Pourtant, la guerre n’a jamais cessé, marquée par de nombreux récits d’exactions sur les civils, qui ont terni la réputation internationale d’Abiy Ahmed, récompensé, en 2019, par le prix Nobel de la paix.

Sept mois d’éreintantes batailles plus tard, ceux que l’on nomme aujourd’hui les « TDF » ont repris Makalé et son aéroport sans combat, ou presque. La ville de 500 000 habitants, centre névralgique de la région et base de nombreuses organisations humanitaires, s’est retrouvée orpheline d’un gouvernement pendant quelques heures. Les deux divisions de l’armée éthiopienne stationnées en ville ont battu en retraite, utilisant parfois même des voitures de particuliers pour prendre la fuite. L’administration provisoire du Tigré, structure politique mise en place par Addis-Abeba, a elle aussi fait ses valises à la hâte pour rejoindre la capitale éthiopienne.

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