La pandémie de coronavirus dont le premier foyer en Algérie a été enregistré à Blida en mars 2020 a nécessité l’instauration du confinement sanitaire pour tenter d’endiguer la propagation de ce virus, une mesure qui a toutefois entraîné des retombées négatives considérables aux niveaux socio-économique et psychologique.
Un an et demi après l’application de cette mesure à Blida, les Blidéens retrouvent enfin une vie normale à la faveur de la levée, mercredi soir, des mesures de confinement imposées à cette wilaya, connue pour sa dynamique économique et ses activités commerciales, d’ailleurs « fortement impactées » par la pandémie Covid-19.
Première conséquence de la pandémie, le recul des emplois créés en 2020 dont le nombre est passé, selon les chiffres de la direction locale de l’emploi, de 61.282 emplois créés en 2019 à 24.773 postes en 2020, une situation imputée principalement au déclin de la dynamique économique qui a frappé les différents secteurs en raison de la crise sanitaire.
Cette situation a persisté en 2021, les emplois créés durant le premier semestre 2021 s’étant élevé à 10.731 postes alors que la moyenne dépassait 28.000 emplois créés, explique à l’APS, Mestar Ahmed, chef du service Statistiques à la direction de l’Emploi de Blida.
De nombreux secteurs ont été directement impactés par la pandémie, pour ne citer que le Tourisme, les professions libérales et le Transport, des secteurs qui n’ont pourvu à aucun emploi en 2020, a ajouté le même responsable.
L’antenne locale du Centre national du registre de commerce (CNRC) a enregistré, de son côté, de nombreuses radiations principalement par les propriétaires des salles de fête, des restaurants et des salles de sport, des activités soumises à une fermeture totale dans le cadre des mesures préventives instaurées par l’Etat pour contenir la propagation du Covid-19. Ce sont donc près de 2.099 cas de radiation (personnes morales et physiques) qui ont été enregistrés en 2020 par l’antenne locale du CNRC.
La crise sanitaire a causé également de nombreuses difficultés financières aux entreprises économiques et aux PME dont les activités sont tributaires de l’importation des intrants, conduisant certaines à prendre des mesures ayant impacté d’une façon ou d’une autre la main d’œuvre.
Dans ce cadre, l’inspecteur de travail de la wilaya de Blida, Khaled Belouadah a fait savoir à l’APS que ses services avaient enregistré six entreprises employant 287 travailleurs ayant procédé à une compression des heures de travail (de 8 à 4 heures), et deux entreprises (100 employés) qui ont soumis leurs travailleurs au chômage technique.
Une entreprise a été contrainte, recul des activités oblige, à avancer au mois de mai les congés annuels de ses salariés, et trois autres entreprises employant 622 travailleurs ont eu des difficultés de versement des salaires, a-t-il ajouté.
« Aucun cas de fermeture totale d’entreprises économiques ou de PME n’a été toutefois enregistré dans la wilaya », a rassuré M. Belouadah.
Au contraire, a-t-il fait remarquer, plusieurs entreprises ont vu leur activité doublée, stimulée par les besoins du marché, au niveau local et national, en produits directement liés à la pandémie, notamment les activités de production de détergents et d’agroalimentaire.
Le président du Club des entrepreneurs et industriels de la Mitidja (CEIMI), Fethi Ammour a fait savoir que ses services avaient procédé, mardi dernier, à l’installation d’une commission qui se chargera de recenser les entreprises du CEIMI impactées par la pandémie et les assister à relancer leurs activités.
Retombées psychologiques et sociales
La crise du Covid-19 a eu des retombées psychologiques sur les familles, surtout celles ayant perdu un ou plusieurs membres emportés par le virus.
Selon la psychologue Nassiba Rahal, le confinement sanitaire a eu un impact psychologique sur les citoyens car ils étaient confrontés à une situation inédite qui les a contraints à rester chez eux et à éviter l’extérieur autant que faire ce peut de crainte de choper cette maladie.
Mais l’impact psychologique le plus notable de la pandémie est celui subi par les familles qui ont perdu un ou plusieurs membres et qui n’ont même pas pu organiser de funérailles. Pour ces personnes, c’était une double peine: la perte d’êtres chers et la privation de la consolation des proches, a-t-elle dit.
L’intervenante a indiqué avoir reçu, les premiers mois du confinement dans la wilaya, plus de 300 appels de citoyens paniqués et angoissés qu’elle a tenté de rassurer et d’orienter pour leur permettre de surmonter leurs peurs et de gérer au mieux la situation.
La psychologue qui fait partie de l’association caritative « Kafil El Yatim » a également précisé avoir reçu, ces derniers mois, une cinquantaine de dossiers pour venir en aide à des veuves dont les maris ont été emportés par le Covid-19.
S’il permet aux citoyens de souffler un peu après avoir vécu de longs mois sous pression, le déconfinement ne veut aucunement dire l’abandon des mesures préventives et des gestes barrières, a-t-elle insisté.