ALGER – La pièce de théâtre « Un été Africain », spectacle épique à plusieurs lectures adapté du roman éponyme du grand écrivain Mohamed Dib, a été présentée, dimanche à Alger, devant un public peu nombreux.
Inscrit dans le cadre du programme d’animation du Théâtre national Mahieddine-Bachtarzi (TNA) durant le mois de Ramadhan, le spectacle qui fait appel à la raison plus qu’au sentiment, a été mis en scène par Karim Boudechiche sur une adaptation de Said Boulmerka du roman de Mohamed Dib (1920-2003).
Conçu dans une forme contemporaine prolifique, « Un été Africain » raconte l’histoire de Zakia, campée par Yasmine Abbassi, une jeune fille vivant encore la joie de sa réussite au baccalauréat, qui rêve dans la chaleur torride de l’été 1958 d’aller à l’université, dans un climat social délétère, marqué par la répression et les exactions de l’armée coloniale française.
A sa grande surprise, la jeune bachelière va se heurter au conservatisme de son père, campé par Adel Hamlaoui, et son oncle, rendu par Salah Eddine Terki, deux personnages conformes aux idées archaïques de la grand-mère, incarnée par Nejla Tarli, qui, aux noms d’intérêts individuels liés à des histoires d’héritage et de cupidité, décident de marier la jeune bachelière malgré elle.
Les tourments existentiels de Zakia sont suggérés par les personnages de « Miloud » (la conscience), rendu par Djamel Mezouari, et de L’inconscience » interprété par Hadjer Siraoui, tous deux enfermés dans des cercles clos, car intemporels, au devant de la scène.
Entretenant la dualité entre le « raisonnable » et le « ressenti », la jeune fille se résout à rejoindre le maquis car convaincue que « la libération du pays » signifiait pour elle, « la libération des esprits ».
Au-delà de l’adaptation même d’ »Un été africain » au théâtre, le spectacle rend également hommage à Mohamed Dib, à travers notamment la grand-mère autoritaire, et Sabri, l’ivrogne rendu par Mohamed Delloum, qui renvoient aux personnages de « L’incendie ».
Miloud le fou, intemporel et isolé, renvoyant au célèbre personnage de Mohamed Lakhdar Hamina dans « Chronique des années de braise » (Palme d’Or du festival de Cannes en 1975), ainsi que Sabri l’ivrogne, également mis à l’écart, constituent les seules sources qui ont porté le message de vérité contenu dans la trame.
Le personnage de la jeune bachelière renvoyant au courage de Zakia la femme de Hassen, dans « Hassen Terro » de Rouiched, ou encore le caractère épique du spectacle conçu dans des atmosphères graves au ton solennel, faisant passer le langage de la raison au dessus de tout, renvoyant au théâtre brechtien, sont autant d’éléments pertinents qui font de l’adaptation sur les planches d’ »Un été africain », un spectacle plein et réussi.
La scénographie de Halim Rahmouni, restituant une habitation tlemcenienne traditionnelle, à travers un patio, suggéré par trois arcades, a été d’un apport concluant au spectacle, faisant appel, selon le metteur en scène, à des « techniques cinématographiques ».
La musique et les bruitages, œuvre de Abdeladim Khemri, ont également bien illustré les différentes situations du spectacle.
Produit par le Théâtre régional Mohamed –Tahar-Fergani de Constantine, le spectacle « Un été Africain » est encore attendu durant le mois de Ramadhan, dans différentes villes du pays.
(SELON APS)