DJELFA – La bataille de Djebel Boukhil, qui a eu lieu à Karma et Djribie (au sud de Djelfa) les 17 et 18 septembre 1961, témoigne de la férocité de l’affrontement et de la bravoure au combat dont l’Armée de libération nationale (ALN) a fait preuve sur le terrain face aux forces coloniales françaises.
Cette bataille, épopée immortelle de l’histoire des combats de la wilaya VI historique, a contribué à faire échouer le projet du colonisateur et ses tentatives désespérées de séparer le Sud du Nord de l’Algérie, ainsi que de diviser les rangs des révolutionnaires du Front de libération nationale (FLN), comme le soulignent les chercheurs qui ont étudié ce haut fait d’armes à partir de documents d’archives et de témoignages vivants.
Mokhtar Mekhalet, moudjahid et lieutenant de l’ALN, décédé en 2022, a décrit dans ses mémoires les batailles de « Karma » et « Djribie « , également appelées « bataille des 48 heures », comme « une étape importante » et « un jalon de la Révolution nationale ».
Dans ses mémoires, il raconte que, lors de cette bataille, les combattants de l’ALN, sous la direction de Mohamed Chaâbani, ont impressionné les généraux de l’armée coloniale française et anéanti leurs espoirs d’écraser la Révolution et ses dirigeants dans la wilaya VI. Les espoirs du général de Gaulle d’écraser les membres de l’ALN, basés dans le sud et de faire accepter son plan de séparation du Sud du Nord lors des négociations ont été anéantis.
Selon les mémoires du moudjahid Mekhalet, rassemblées par M’hamed Keroud, professeur d’enseignement supérieur à l’université de Djelfa, les avions de reconnaissance de l’ennemi surveillaient en permanence la région et ont pu détecter les mouvements des moudjahidine.
Lors de la bataille, les héros de Djebel Boukhil ont affronté la plus grande force coloniale soutenue par l’OTAN sur un terrain découvert et l’ont vaincue. Les combattants de l’ALN dans le sud, étaient les protecteurs de la cause algérienne et le principal soutien de la diplomatie algérienne, qui lutta pour que le désert reste une partie intégrante du territoire algérien, comme l’indique le texte des Mémoires.
Exploits héroïques immortels dans la bataille des 48 heures
Le professeur d’histoire, Karach Abderrahmane, a affirmé que la bataille de Djebel Boukhil était « une leçon pour la France coloniale, qui exerçait alors des pressions sur la délégation algérienne chargée des négociations pour qu’elle accepte l’idée de séparer le Sahara du nord du pays ».
Dans son récit de cette bataille, cosigné dans un ouvrage collectif intitulé « L’activité militaire de l’ALN dans les régions 2 et 3 de la wilaya VI historique », il mentionne que le premier jour de la bataille a eu lieu le 17 septembre 1961, après qu’une patrouille de garde a remarqué, vers minuit, des lumières révélant la présence de convois militaires ennemis se dirigeant vers le campement de l’ALN à Karma, dans le Mont Boukhil.
Après avoir encerclé le campement, l’ennemi a lancé l’attaque à 7 heures du matin, d’abord avec ses avions de reconnaissance, puis avec une quarantaine de bombardiers et de lance-roquettes qui ont bombardé les positions des moudjahidine pendant plusieurs heures, avec des roquettes et du napalm, avant que 12.000 soldats français ne se mettent en marche vers ces positions. Les moudjahidine les ont accueillis à coups de fusil.
Selon le récit français, les pertes coloniales françaises auraient été estimées à 400 morts le premier jour de la bataille. Le même bilan a également été rapporté par Radio « Sawt al-Arab » depuis Le Caire.
Le lendemain, l’ennemi a déployé des forces plus importantes, estimées à environ 14.000 militaires, et a utilisé toutes sortes de bombes et d’avions. Sept combattants de l’ALN sont tombés en martyrs, tandis que l’ennemi a essuyé 300 pertes.
Les faits relatifs à la bataille de Djebel Boukhil ont été détaillés lors des travaux du colloque organisé en juin dernier à l’université Ziane Achour sur ce thème, qui a permis d’aborder différents aspects de cette bataille.
SELON APS