– La récupération des archives liées aux explosions nucléaires français en Algérie, pendant la période coloniale, « est préalable pour mesurer les répercussions de ce crime contre l’humanité au plans sanitaire et environnemental », estime l’historien Mohamed El Korso.
« La France doit, dans le cadre d’un mécanisme de coopération bilatérale, restituer les archives liées aux explosions nucléaires menées dans le Sahara algérien, pendant la période coloniale, afin de permettre l’identification des lieux d’enfouissement des déchets nucléaires et la délimitation des zones contaminées pour éviter de nouvelles victimes », a déclaré Dr. El Korso à l’APS, à la veille du 61éme anniversaire des explosions nucléaires françaises en Algérie.
Qualifiant ces explosions, plusieurs fois plus puissantes qu’à Hiroshima, de crime « imprescriptible » contre les Algériens, l’humanité et l’environnement, l’historien précise que la récupération des archives liées à ces explosions nucléaires, débutées le 13 février 1960 à Hamoudia (Adrar), « est à même de faciliter la gestion de ce dossier mémoriel fondamental ».
Pour ce spécialiste, les explosions nucléaires coloniales à Reggane, et ailleurs plus tard, « n’est qu’un épisode de la longue série de crimes commis contre le peuple algérien dans le cadre de la stratégie d’extermination du colonisateur français, et ce depuis son arrivée en Algérie en 1830 ».
« Dans ses explosions, qui n’ont épargné ni les animaux, ni la nature, la France s’est servie d’Algériens comme cobayes », tient-il à rappeler.
Soulignant la volonté de la France de faire du Sahara algérien un champs à ses essais nucléaires en tenant secret la vérité sur leur atrocité et effets dangereux, il a indiqué que la question n’a été soulevée, d’ailleurs, qu’au début années 1990, par des historiens et des politiques, et à la faveur de témoignages vivants d’anciens appelés et militaires français, qui ont assisté à ces essais ou qui en sont devenus victimes, par la suite.
Ces explosions nucléaires qui ont permis à la France coloniale de rejoindre le club nucléaire mondial, ont été évoquées, ensuite, par des historiens algériens et des associations de la société civile, à la faveur de l’ouverture d’un large débat sur la torture exercée par le colonisateur lors de la Guerre de Libération Nationale, a ajouté M. El-Korso.
C’est ainsi que les voix se sont élevées pour exiger la reconnaissance de ces crimes et l’indemnisation des victimes, a-t-il poursuivi relevant « une absence de volonté politique » en soutien aux efforts de la société civile dans ce sens.
Cependant, l’historien explique « le retard » de la partie algérienne à accorder un intérêt à la question des explosions nucléaires dans le Sahara (c’est à dire juste après l’indépendance) par « le fait que nous étions, à cet époque là, dans une phase de construction d’un Etat jeune, de pansement des blessures de la colonisation française et de réflexion sur un système éducatif, économique et agricole à bâtir ».
« La France demeure, en vertu du Droit international, responsable des dégâts occasionnés à la population locale, à l’environnement et à l’équilibre écologique », fait observer Dr. El Korso qui souligne que les Autorités françaises « ont préféré laisser sur place des déchets nucléaires qui continuent, encore aujourd’hui, a nuire largement à la santé et à l’environnement, dans les régions de Reggane et Tamanrasset.