L’ancien chef des renseignements reste sous mandat de dépôt : Nouvelles charges contre Bachir Tartag

Condamné à 15 ans de réclusion criminelle pour «complot contre l’autorité de l’Etat et de l’armée», l’ancien patron des services de renseignement, le général-major à la retraite Bachir Tartag, vient d’être rattrapé par l’affaire de Mme Maya et celle d’El Wafi Ould Abbès, fils de l’ancien secrétaire général du FLN, Djamel Ould Abbès.

Une enquête a été ouverte au niveau du tribunal militaire de Blida sur les conditions dans lesquelles les fonds récupérés lors des perquisitions opérées par les éléments de ses services au domicile de Mme Maya, à Moretti, et à celui d’El Wafi, à Club des Pins, ont été pris en charge, ce qui a abouti à la mise sous mandat de dépôt de l’ancien patron des services de renseignement par le magistrat instructeur qui lui reproche, nous dit-on de source sûre, de «n’avoir pas respecté la procédure».

Le 20 décembre dernier, un autre officier, de la police judiciaire auprès de l’antenne d’Alger, de la sécurité intérieure a été également placé en détention pour les mêmes faits. En fait, l’affaire de Mme Maya, dont le procès en appel s’est ouvert à la cour de Tipasa et le verdict sera prononcé jeudi 31 décembre 2020, a fait couler beaucoup d’encre et de salive.

Les nombreux avocats constitués dans cette affaire se sont majoritairement interrogés sur le fait que l’information judiciaire a été ouverte en février 2017, en vertu de laquelle une perquisition a été effectuée dans la villa de Mme Maya, où 95 millions de dinars et 17 kg d’or ont été saisis, selon le parquet de Chéraga. Quelques jours après, «un ordre» a été donné pour stopper l’enquête.

Le dossier mis au vert

Les mis en cause ont été libérés et le dossier mis au vert durant 26 mois. Ce n’est que le 7 juillet 2019 que les services de la Gendarmerie nationale ont repris l’enquête, sur instruction du tribunal de Chéraga, en auditionnant toutes les personnes impliquées, lesquelles ont été présentées et placées en détention. Reste cependant la somme de 95 millions de dinars, récupérée au domicile de Mme Maya par les officiers de la sécurité intérieure.
N’ayant pas de compte ni de coffres, ces derniers l’auraient gardée durant un moment avant de la déposer à la Banque centrale, ce qui, pour le tribunal, constitue «une violation de la procédure».

Idem pour l’affaire des enfants de l’ancien secrétaire général du FLN, Djamel Ould Abbès, notamment El Wafi, en fuite à l’étranger, poursuivis et condamnés pour avoir «monnayé» les candidatures FLN à la députation lors des législatives de 2017.

En effet, en mars 2017, des officiers de la sécurité intérieure ont procédé à l’interpellation d’El Wafi, à l’entrée de Club des Pins où il réside, au moment où il venait d’encaisser la somme de 20 millions de dinars et 200 000 euros, avant que son domicile ne soit perquisitionné et des documents récupérés. Derrière l’éclatement de ce scandale, le député FLN Bahaeddine Tliba, ex-vice-président de l’Assemblée nationale. Avec l’ex-patron des renseignements Bachir Tartag, il fait tomber les deux enfants de Djamel Ould Abbès, Skander et El Wafi, et l’ancien secrétaire général du ministère de la Solidarité, Khelladi Bouchenak, l’homme de confiance de Djamel Ould Abbès.

Arrêtés, les mis en cause sont relâchés par la suite sur «ordre», le dossier mis sous le coude et le statut de Bahaeddine Tliba bascule de celui de dénonciateur à celui d’inculpé deux ans après. Privé de son immunité parlementaire, il prend la fuite vers l’étranger, mais revient quelques semaines après, dans des conditions troublantes. Il sera condamné à une peine de 7 ans de prison ferme au même titre que Skander Ould Abbès, alors qu’El Wafi a écopé, par défaut, d’une peine de 20 ans de prison.

Là aussi, la défense de Tliba est revenue sur les circonstances de cette affaire, ressuscitée après son classement deux ans auparavant.
Les dossiers de Mme Maya et des enfants de Ould Abbès ont fait l’objet d’une enquête au niveau du tribunal militaire de Blida. Les premières décisions ont été d’abord de placer sous mandat de dépôt l’ancien patron des services de renseignement Bachir Tartag et l’officier de la police judiciaire de l’antenne de la sécurité intérieure d’Alger.

Pour l’instant, ce n’est que le début des investigations qui, visiblement, concernent essentiellement le «non-respect de la procédure», nous dit-on.

R.C

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