Karam Awadat au siège de notre journal Le cinéma comme voix retentissante de la souffrance d’un peuple

Le réalisateur palestinien Karam Awadat s’est rendu, hier, au siège de notre journal Seybouse times dans le cadre d’une rencontre journalistique en marge de sa participation à la cinquième édition du Festival d’Annaba du film méditerranéen. Awadat est venu en Algérie pour présenter sa dernière œuvre, le court métrage « La Promesse », qui représente son quatrième essai dans le monde du cinéma court, et qui met en lumière un aspect de la tragédie humaine que vit le peuple palestinien sous le poids de la guerre à Gaza.

 

La cinquième édition du Festival d’Annaba du film méditerranéen a accueilli une voix singulière du cinéma palestinien contemporain, Karam Awadat, réalisateur engagé et artiste pluridisciplinaire, qui a présenté son dernier court métrage intitulé « Pinky Promise » (Al-Waad), œuvre qui s’inscrit dans une démarche artistique profondément ancrée dans la réalité tragique de Gaza. Cette rencontre au siège de notre journal a permis d’explorer les multiples facettes d’un créateur pour qui le cinéma transcende la simple expression esthétique pour devenir un véritable acte de résistance culturelle.

Avant de s’imposer comme cinéaste, Karam Awadat a emprunté les chemins sinueux de la création artistique. Tour à tour peintre, musicien et photographe, il incarne cette génération d’artistes palestiniens pour qui l’expression créative représente moins un choix délibéré qu’une nécessité existentielle. « Je suis fils des arts avant d’être réalisateur », confie-t-il, soulignant ainsi la dimension organique de son évolution vers le septième art. Cette traversée des disciplines a façonné une sensibilité particulière, permettant à Awadat de développer un langage cinématographique riche et nuancé, capable de condenser dans l’image la complexité de l’expérience palestinienne.

 

« La Promesse » : Chronique d’un espoir sous les décombres

 

Quatrième incursion d’Awadat dans l’univers du court métrage, « La Promesse » constitue bien plus qu’un simple témoignage sur la guerre à Gaza. L’œuvre s’attache à capturer cette tension paradoxale entre l’horreur du présent et la persistance de l’espoir, entre les ruines matérielles et la résilience spirituelle d’un peuple. Le réalisateur refuse la facilité du pathos pour privilégier une approche qui restitue la dignité des victimes et l’inaltérabilité de leurs aspirations à la liberté et à une vie normale.

Dans un contexte médiatique saturé d’images chocs et de discours politisés, Awadat revendique une posture artistique distincte : celle d’un cinéma qui documente sans instrumentaliser, qui témoigne sans trahir. « Le cinéma n’est pas seulement un espace d’expression esthétique, mais un moyen de résistance qui cherche à ancrer la mémoire et à transmettre la vérité au monde », explique-t-il, définissant ainsi la mission qu’il assigne à son art.

 

Le cinéma palestinien face aux défis de la création en contexte d’occupation

 

L’entretien avec Karam Awadat a également permis d’aborder les obstacles spécifiques auxquels se heurtent les cinéastes palestiniens. Contraintes matérielles, restrictions de mouvement, difficultés d’accès aux équipements et aux lieux de tournage : autant d’entraves qui transforment chaque projet filmique en un véritable défi logistique et humain. Pourtant, loin de se laisser décourager, Awadat et ses pairs poursuivent leur travail de mémoire et de création, conscients du rôle historique qu’ils sont appelés à jouer.

 

Briser le silence : La fonction testimoniale du cinéma

 

Au-delà de sa dimension artistique, le cinéma palestinien contemporain assume pleinement une fonction testimoniale et pédagogique. En documentant les réalités quotidiennes de l’occupation, en préservant les récits individuels et collectifs, en offrant une contre-narration aux discours dominants, les réalisateurs comme Awadat contribuent à l’élaboration d’une archive visuelle indispensable pour les générations futures. Leur caméra devient ainsi un instrument de préservation patrimoniale autant qu’un outil de sensibilisation internationale.

La présence de Karam Awadat au Festival d’Annaba illustre également l’importance des espaces de solidarité culturelle dans le monde arabe et méditerranéen. Ces plateformes permettent aux voix palestiniennes de résonner au-delà des frontières, de toucher de nouveaux publics et de tisser des liens entre créateurs engagés dans des luttes similaires pour la dignité et la justice.

Dans un monde où les images se multiplient jusqu’à l’indifférence, le cinéma de Karam Awadat rappelle que l’art conserve son pouvoir de bouleversement et de transformation.

« Al Waad » n’est pas qu’un film : c’est un acte de foi en l’humanité, un refus de l’oubli et une célébration de la résilience d’un peuple qui refuse de disparaître.

 

Sara Boueche

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