Le président brésilien, Jair Bolsonaro, a demandé vendredi 21 août au Sénat d’ouvrir une procédure de destitution contre Alexandre de Moraes, un des onze juges de la Cour suprême, qui avait ordonné une enquête contre lui pour ses déclarations mettant en doute le système de vote.
C’est la première fois depuis son entrée en fonctions, en janvier 2019, que le président d’extrême droite, Jair Bolsonaro, sollicite la destitution d’un juge de la Cour suprême.
Le 4 août, Alexandre de Moraes avait ordonné l’ouverture d’une enquête contre le chef de l’Etat pour diffusion de fausses informations, après ses attaques constantes et sans preuve contre le système électoral. Il a pris cette décision à la suite d’une requête du Tribunal supérieur électoral (TSE), qui avait annoncé ouvrir une enquête contre le chef de l’Etat pour « abus de pouvoir politique et économique (…) dans ses attaques contre le système de vote électronique et la légitimité des élections de 2022 ». En cause, un Facebook Live de plus de deux heures au cours duquel M. Bolsonaro assure qu’il existe des fraudes dans le système d’urnes électroniquesen vigueur depuis 1996 au Brésil, sans apporter la moindre preuve.
Dans sa requête contre le juge, M. Bolsonaro estime que M. de Moraes fait preuve de partialité au cours de l’enquête ouverte en 2019 par la Cour suprême sur des fausses nouvelles et des menaces envers plusieurs de ses juges, et l’accuse d’être « en même temps enquêteur, accusateur et juge », et un « censeur de la liberté d’expression ». Le président du Sénat, Rodrigo Pacheco, a confirmé qu’il allait « analyser » cette requête, mais qu’un tel mécanisme « ne[devait] pas être banalisé ni mal utilisé ».
En mauvaise posture pour une réélection
La Cour suprême a réagi dans un court communiqué assurant sa « totale confiance dans l’indépendance et l’impartialité » de M. de Moraes et affirmant que « l’Etat démocratique de droit ne tolère pas qu’un juge soit mis en accusation pour ses décisions ».
Jair Bolsonaro, qui devrait briguer une réélection, ne préconise pas un retour au vote par bulletins papier, mais l’impression de reçus après chaque vote électronique, afin de permettre un recomptage des voix en cas de contestation. Une mesure rejetée par le TSE, qui assure que le système actuel n’a jamais été émaillé d’irrégularités et que l’impression de reçus en papier pourrait au contraire exposer l’élection « aux risques de manipulations du passé »