La crainte de voir émerger des variants plus résistants face aux vaccins et la difficulté pour certaines personnes à développer des anticorps suffisants contre le Covid-19 ont poussé de nombreux laboratoires à développer des traitements thérapeutiques. Certains sont déjà recommandés pour certains malades et d’autres devraient bientôt voir le jour.
« D’ici à octobre, nous développerons et autoriserons trois nouveaux traitements efficaces contre la COVID-19 susceptibles de changer le cours de la maladie ». Tels sont les mots tenus en mai dernier par Stella Kyriakídou, la commissaire européenne à la santé. Une déclaration survenue en pleine vague épidémique mais aussi en pleine expansion de la vaccination dans l’Union Européenne.
Et pourtant. Malgré des sérums toujours efficaces et aujourd’hui disponibles en quantité, la recherches sur les traitements thérapeutiques pour mieux prendre en charge les patients Covid se multiplient. Et face à l’émergence de variants plus résistants aux vaccins dont l’efficacité s’amenuise au fil du temps, toutes les options sont bonnes à prendre.
« La thérapeutique a été un peu oubliée de ce débat et c’est une bonne chose qu’elle réapparaisse », estime ce mercredi sur BFMTV/RMC Gilles Pialoux, chef du service des maladies infectieuses de l’hôpital Tenon à Paris.
Trois traitements recommandés par l’OMS et trois autres potentiels
Seuls trois traitements sont recommandés par l’Organisation mondiale de la Santé: la dexaméthasone, une substance censée réduire l’inflammation et la surréaction de l’organisme. Elle n’est recommandée que « pour le traitement des patients atteints d’une forme grave ou critique de la Covid-19 ».
En outre, l’OMS a également recommandé le tocilizumab et le sarilumab, des antagonistes de l’interleukine qui permettent d’éviter une surinflammation des poumons pour les patients gravement atteints par la maladie.
En parallèle de ces traitements, l’agence onusienne a annoncé début août une prochaine phase à son vaste essai clinique Solidarity dans laquelle seront testés trois médicaments: l’artésunate (un traitement contre le paludisme dans sa forme grave), l’imatinib (un médicament contre certains cancers) et l’infliximab (un traitement pour les troubles du système immunitaire). Des médicaments choisis par un groupe d’experts indépendants et dont les essais vont être menés dans plus de 600 hôpitaux dans 52 pays.
Des traitements « connus, avec du recul et dont certains sont génériqués », déclare Gilles Pialoux, « il y a d’autres molécules qui vont sortir aussi parce qu’il y d’autres essais en cours ».
Des anticorps monoclonaux pour les personnes immunodéprimées…
Les traitements développés visent donc à protéger les personnes risquant de contracter une forme grave de la maladie, ce qui est notamment le cas des personnes immunodéprimées. La Haute Autorité de santé a annoncé début août que pour celles et ceux chez qui les vaccins ne fonctionnent pas bien pourront recevoir préventivement un traitement par anticorps monoclonaux. Il s’agit là d’une « autorisation d’accès précoce » (octroyée pour cinq mois) au Ronapreve (casirivimab et imdevimab) « en prophylaxie pré-exposition ou post-exposition au Sars-CoV-2 », indique l’autorité sanitaire qui réévaluera son intérêt « dans un délai maximum de deux mois ».
En cas de contact avec une personne contaminée, le traitement pourra être administré aux patients de 12 ans et plus « non répondeurs ou faiblement répondeurs » à la vaccination alors qu’ils présentent un très haut risque de forme grave de Covid. Il pourra aussi être proposé en prévention pure, « toutes les 4 semaines tant qu’il existe un risque d’être exposé au virus », mais seulement aux « patients non répondeurs », c’est-à-dire n’ayant pas du tout développé d’anticorps malgré la vaccination.
Le Ronapreve avait servi au traitement de Donald Trump lorsque celui-ci avait été contaminé par le Covid-19. Ce traitement par injection, développé par la biotech américaine Regeneron en partenariat avec le laboratoire Roche, associe deux anticorps monoclonaux dirigés spécifiquement contre la protéine Spike du Sars-CoV-2. Ils agissent en empêchant la pénétration du virus dans les cellules, luttant ainsi contre sa réplication.
…en complément des vaccins
Même les laboratoires producteurs de vaccin anti-Covid-19 s’y mettent puisque le groupe pharmaceutique AstraZeneca a annoncé la semaine dernière des résultats encourageants pour un traitement à base d’anticorps de synthèse qui permet de réduire de 77% le risque de développer une forme symptomatique de la maladie.
La France, elle, a déjà précommandé en mai dernier 30.000 doses du candidat-médicament XAV-19 de la biotech française Xenothera. Un anticorps polyclonal dont les premiers résultats cliniques doivent être rendus au cours du mois de septembre. En outre, la Commission européenne a récemment signé un contrat – auprès d’un autre groupe pharmaceutique – pour l’acquisition d’un traitement par anticorps monoclonaux.
Une alternative qui pourrait permettre une meilleure prise en charge des patients Covid non vaccinés et qui ne souhaitent pas recevoir le sérum. Reste que « ce traitement à visée prophylactique ne se substitue pas à la vaccination qui doit rester l’option privilégiée », prévient la Direction générale de la Santé.
« Il ne faut pas penser que les choses vont se remplacer, le traitement ne va pas remplacer le vaccin », soutient aussi l’infectiologue Gilles Pialoux sur BFMTV/RMC.
Ces premiers traitements ne visent donc pas à se substituer aux vaccins mais au contraire à s’ajouter à un schéma vaccinal qui peut parfois ne pas apporter une réponse immunitaire suffisante chez certaines personnes.
(SELON MSN)