Ex-chef d’état-major de l’armée sud-coréenne, il accède au pouvoir en 1980 et met en place une dictature militaire marquée par la répression sanglante des émeutes dans la ville de Gwangju. Il sera contraint de démissionner en 1988. Il est mort mardi, à l’âge de 90 ans
Le général-président Chun Doo-hwan, mort mardi 23 novembre à l’âge de 90 ans chez lui à Séoul, selon l’agence de presse sud-coréenne Yonhap, instaura une dictature militaire marquée par l’un des épisodes les plus sanglants de l’histoire de la Corée du Sud depuis la guerre fratricide avec le Nord (1950-1953) : le massacre par les troupes d’élite, en mai 1980 à Gwangju, de centaines de civils à la suite d’un soulèvement populaire. Il avait succédé à un autre général, Park Chung-hee, assassiné en octobre 1979.
Né le 18 janvier 1931 dans une famille modeste de Yulgok-myeon, petite commune de la province de Gyeongsang du Sud, Chun Doo-hwan connut une enfance difficile. La Corée était alors sous la domination japonaise, et, après s’être installée à Daegu, sa famille dut fuir en Chine, en raison des démêlés de son père avec la police. Elle ne retourna à Daegu qu’à la suite de la capitulation du Japon.
Diplômé de l’Académie militaire en 1955, Chun Doo-hwan fut parmi les jeunes officiers qui soutinrent le putsch militaire de Park Chung-hee, en mai 1961. Il gravit rapidement les échelons de la hiérarchie militaire pour devenir, en 1969, conseiller spécial du chef d’état-major. Colonel, il commanda un régiment du contingent sud-coréen combattant au Vietnam aux côtés des Américains.
Club secret
Devenu général, commandant de la première division d’infanterie, il fut nommé en 1979 à la tête des services de sécurité de l’armée. Avec l’aval de Park Chung-hee, il avait formé un « club » secret (baptisé Hanahoe : le « groupe Un ») réunissant des officiers de sa promotion originaires comme lui (et comme Park) de la province de Gyeongsang.
A la suite de l’assassinant de Park Chung-hee par Kim Jae-kyu, chef des services secrets (surnommés SCIA, ou « CIA coréenne »), le 26 octobre 1979 au cours d’un dîner à la présidence, Chun Doo-hwan fut nommé par le chef d’état-major, Jeong Seung-hwa, à la tête de la commission d’enquête. Sa première action fut de placer la SCIA sous son autorité – s’assurant ainsi le contrôle des deux plus puissantes organisations de sécurité du pays (militaire et civile).
Dans les semaines qui suivirent, épaulé par ses fidèles du « club Hanahoe » qui court-circuitaient la chaîne de commandement, Chun prépara son putsch. Le 12 décembre, il ordonnait l’arrestation du chef d’état-major, accusé de complicité dans l’assassinat de Park – ce qui se révélera faux de nombreuses années plus tard.
Une série d’affrontements armés eut lieu dans la nuit entre les légalistes et les rebelles. Mais, à l’aube, ces derniers avaient le contrôle de la capitale. Le 17 mai 1980, à la tête de la junte, Chun Doo-hwan étendit la loi martiale à l’ensemble du pays et fit arrêter une vingtaine d’hommes politiques. Une nouvelle dictature militaire s’annonçait et des manifestations éclatèrent en province. En particulier à Gwangju, chef-lieu du Jeolla du Sud (sud-ouest de la péninsule).
selon le monde fr.