Le président des Etats-Unis envoie un message clair en conviant l’île autonome, que Pékin considère comme l’une de ses provinces appelée à revenir dans son giron
Oui à Taïwan, non à la Chine. Pékin a fait part, mercredi 24 novembre, de sa « ferme opposition » à l’invitation de Taïwan au sommet virtuel pour la démocratie du président américain, Joe Biden, qui réunira quelque 110 pays en décembre. « Taïwan n’a pas d’autre statut en droit international que celui de partie intégrante de la Chine », a déclaré devant la presse un porte-parole de la diplomatie chinoise, Zhao Lijian.
Taïwan, au contraire, a remercié M. Biden. « Grâce à ce sommet, Taïwan pourra partager son expérience de réussite démocratique », a déclaré à la presse Xavier Chang, porte-parole du bureau de la présidence.
Dans la liste publiée mardi par le département d’Etat, le choix des absents fait autant parler que celui des présents. Les Etats-Unis ne reconnaissent pas l’île autonome de Taïwan comme pays indépendant, mais l’érigent volontiers en modèle démocratique face à la Chine, qui, elle, considère l’île comme une de ses provinces appelée à revenir dans son giron. Sa présence au sommet virtuel devrait donc entretenir les tensions, qui se sont accentuées ces dernières semaines autour du sort de Taipei.
Le président des Etats-Unis ne l’a pas caché depuis son arrivée à la Maison Blanche en janvier : le combat entre les démocraties et les « autocraties », incarnées à ses yeux par la Chine et la Russie, est au cœur de sa politique étrangère.
Une promesse de campagne
Sans surprise, les principaux rivaux de Washington, Pékin et Moscou en tête, ne figurent donc pas dans la liste des invités de ce « sommet pour la démocratie », une promesse de campagne dont la première version aura lieu en ligne les 9 et 10 décembre, avant une rencontre en personne un an plus tard. La Turquie, alliée de Washington au sein de l’OTAN, mais dont le président, Recep Tayyip Erdogan, a par le passé été qualifié d’« autocrate » par Joe Biden, ne figure pas non plus au nombre des pays participants.
L’Inde, souvent qualifiée de « plus grande démocratie du monde », sera, en revanche, présente malgré les critiques fréquentes des défenseurs des droits humains à l’endroit de son premier ministre nationaliste hindou, Narendra Modi. Tout comme le Pakistan, en dépit de relations en dents de scie avec Washington.
Au Moyen-Orient, seuls Israël et l’Irak ont été conviés à cette réunion. Les alliés arabes traditionnels des Américains que sont l’Egypte, l’Arabie saoudite, la Jordanie, le Qatar et les Emirats arabes unis sont absents. Joe Biden a aussi invité le Brésil, pourtant dirigé par le président d’extrême droite très controversé Jair Bolsonaro.
De nombreux revers contre la démocratie
En Europe, la Pologne est représentée, malgré les tensions récurrentes avec Bruxelles au sujet du respect de l’Etat de droit, mais la Hongrie du premier ministre Viktor Orban ne l’est pas. Côté africain, la République démocratique du Congo, le Kenya, l’Afrique du Sud, le Nigeria et le Niger font partie des pays invités.
Ce sommet est organisé alors que la démocratie a encaissé de nombreux revers ces derniers mois dans des pays où les Etats-Unis avaient placé d’importants espoirs : le Soudan et la Birmanie, théâtres de coups d’Etat militaires, l’Ethiopie, en proie à un conflit qui risque de la faire « imploser », selon la diplomatie américaine, ou encore l’Afghanistan, où les talibans ont repris le pouvoir à la faveur du retrait américain après vingt années d’efforts de démocratisation.
Les Etats-Unis eux-mêmes ont rejoint pour la première fois la liste des « démocraties en recul », du fait principalement d’une dégradation sous l’ère Trump, selon un rapport de référence publié par l’organisation intergouvernementale International IDEA (pour International Institute for Democracy and Electoral Assistance – « Institut international pour la démocratie et l’assistance électorale »).
selon le monde fr.