Le prix du poulet a bondi significativement ces derniers jours. Alors que l’Organisation algérienne de protection et d’orientation du consommateur et son environnement (Apoce) dénonce cette flambée qui a porté un sacré coup au pouvoir d’achat des Algériens, le Conseil national de la filière avicole évoque un « ajustement » des prix de ce produit avicole. L’augmentation du prix de l’aliment de volaille, notamment le maïs et le soja, en serait à l’origine.
Depuis quelques jours, le poulet connaît une hausse de prix très significative. Sur les étals des marchands de volaille, cette viande est cédée entre 400 dinars et 450 dinars le kilogramme.
Aujourd’hui, un poulet éviscéré de taille moyenne ne descend pas à moins de 950 dinars. Un lourd budget pour nombre de bourses, suffisamment affectées par la récente hausse de la plupart des produits de large consommation.
Le président du Conseil national de la filière avicole (CNFA), El Moumane Kalli, considère pourtant cette flambée comme un simple «ajustement» du prix du poulet. «Ce n’est pas une flambée de prix, c’est un ajustement», dit-il.
Un «ajustement» explique-t-il, survenu en raison de l’augmentation sur le marché international des prix des matières premières qui composent l’aliment de volaille, notamment le maïs et le soja, mais aussi de la baisse de la production nationale des produits avicoles.
«Il y a six mois, le maïs était vendu entre 2 300 à 2 600 DA le quintal. Aujourd’hui, il avoisine 7 000 DA le quintal, soit le double de son prix. Idem pour le soja qui faisait 4 500 à 4 700 DA le quintal. Son prix a pratiquement triplé et oscille entre 11 000 et 12 000 dinars le quintal», précise-t-il.
Selon le président du CNFA, la crise sanitaire de Covid-19 a énormément affecté la production du maïs et du soja au Brésil et en Argentine, qui ont vu leur production baisser de près de 50%. «Non seulement, les deux grands pays producteurs de maïs et de soja ont baissé leur production, mais en plus, 50% de cette production ont été vendus à la Chine.
La baisse de l’offre a engendré l’augmentation des prix de ces matières premières qui s’est automatiquement répercutée sur les prix des produits finis des viandes blanches», détaille-t-il.
El Moumane Kalli évoque également la production avicole qui a largement diminué. «Les éleveurs ont subi des pertes énormes durant tout l’exercice 2019-2020, ce qui a induit une baisse de production à cause de la crise sanitaire durant laquelle toutes les cantines des entreprises, des universités, des écoles et tous les restaurants et fast-foods étaient fermés. Même la grippe aviaire a provoqué une baisse de production», note-t-il.
L’Organisation algérienne de protection et d’orientation du consommateur et son environnement (Apoce) qui avait présagé cette hausse depuis janvier dernier, et alerté les autorités concernées, estime de son côté que le consommateur paye aujourd’hui, «le laisser-aller des organismes de régulation».
«La hausse du prix du poulet est due en partie à l’augmentation importante du prix de l’aliment de volaille, mais aussi l’arrêt d’élevage de plusieurs aviculteurs. Le manque de production a engendré justement une baisse de l’offre sur le marché», fait remarquer son président, Mustapha Zebdi.
Néanmoins, il regrette que l’État ne soit pas intervenu pour encourager et rassurer les éleveurs, mais aussi pour que l’aliment de volaille arrive aux aviculteurs et «ne soit pas un produit de spéculation».
Malgré l’augmentation des prix du maïs et du soja, le président de l’Apoce assure que la flambée de la viande de volaille ne peut être un ajustement de prix puisqu’«elle n’est pas proportionnelle à la hausse du prix de l’aliment de bétail».
Les aviculteurs sollicités
Afin de réguler le marché de la volaille, notamment à l’approche du mois de Ramadhan, les éleveurs ont été sollicités pour prêter main-forte à la filière avicole, afin de booster la production. «Nous avons demandé aux aviculteurs de procéder à la mise en place du poussin malgré les pertes et les problèmes enregistrés.
D’ailleurs, 50% des éleveurs qui ont quitté cette activité ont répondu favorablement», affirme le président du Conseil national de la filière avicole.
Certes, poursuit-il, «cette production ne sera pas imminente, mais elle sera prête à partir de la deuxième quinzaine du mois de Ramadhan».
R. N.