ALGER – Le secteur des mines, sous exploité durant plusieurs décennies, a connu, en 2023, une relance effective de ses activités en Algérie, grâce au lancement de mégaprojets dans le cadre d’une vision globale fondée sur le renforcement de la contribution des richesses minières aux efforts de diversification de l’économie nationale et de soutien aux industries manufacturières et à l’agriculture.
En effet, 2023 est « l’année du secteur minier par excellence », au vu de la dynamique qui a marqué le secteur, notamment à travers le lancement d’opérations de traitement du minerai de fer du gisement stratégique de Gara Djebilet (Tindouf), un des plus grands au monde et un investissement national des plus importants dans le domaine des mines depuis l’indépendance, dans le cadre de la mise en œuvre des orientations du président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, visant à inscrire le secteur des mines parmi les secteurs prioritaires.
Dans ce cadre, l’Etat focalise ses efforts sur la valorisation des ressources souterraines non exploitées, un des principaux axes de la stratégie de diversification de l’économie nationale, dans le cadre du plan d’action pour la période 2020-2024, dans le but de relancer le secteur et lui permettre de contribuer, avec davantage d’efficacité, au développement national.
La visite du président de la République au gisement de Gara Djebilet, première du genre pour un président algérien depuis l’indépendance, a constitué le point de départ effectif de cet important projet et une occasion pour souligner la nécessité de renoncer à l’exportation des matières premières à l’état brut, notamment minières, en vue de créer une valeur ajoutée dans les industries minières nationales qui se sont renforcées, cette année, par le lancement du gisement de zinc-plomb de Oued Amizour (Béjaia), parallèlement à la nette progression enregistrée dans le projet de phosphate intégré qui couvre quatre wilayas de l’est du pays.
Le projet de Gara Djebilet devra atteindre plusieurs objectifs, dont le soutien à la métallurgie, la réalisation de l’autosuffisance en fer, le développement de la région sud-ouest du pays et la promotion des exportations.
Outre ses importantes retombées économiques, la mine dont les réserves sont estimées à 3,5 milliards de tonnes, est désormais un modèle de projets structurants, à propos desquels le président de la République a insisté, à maintes occasions, sur l’importance de leur réalisation au sein d’une approche « intégrée et complémentaire » avec les différents projets industriels et infrastructures, d’autant plus que ce projet contribuera au renforcement des capacités du pays, en vue de relancer les industries lourdes et d’assurer de meilleures perspectives d’emploi, une fois sa capacité maximale atteinte.
Il sera procédé, de 2022 à 2025, à l’extraction de 2 à 3 millions de tonnes de minerai de fer/an, puis sa capacité passera, à partir de 2026, à 50 millions de tonnes/an, parallèlement à la mise en service de la ligne ferroviaire minière Gara Djebilet-Béchar (950 km).
Dans le cadre de la même approche pour la valorisation de la mine de Gara Djebilet, cette dernière sera renforcée par le complexe sidérurgique de la wilaya de Béchar dont la réception est prévue en 2026, avec un investissement d’un (1) milliard USD.
Les activités de développement et d’exploitation des mines sont à même de créer une dynamique économique nationale, de contribuer au développement du secteur minier dans son ensemble, d’accélérer la cadence de diversification de l’économie nationale et de promouvoir les exportations hors hydrocarbures.
L’exploitation de la mine sera supervisée par l’Entreprise nationale de fer et d’acier (FERAAL), en partenariat avec le consortium chinois (CMH).
Doté d’une enveloppe d’environ 7 Mds USD, le projet du phosphate intégré à l’Est du pays avance à un rythme régulier, et ce dans le cadre d’un accord de partenariat entre ASMIDAL et le groupe industriel Manadjim El Djazair (MANAL), d’une part, et les deux sociétés chinoises « Wuhuan » et « Tian’an », d’autre part.
Il s’agit d’un mégaprojet qui englobe le développement et l’exploitation du gisement de phosphate de Bled El Hadba à Tébessa, la transformation chimique des phosphates à Oued Kébérit à Souk Ahras, la fabrication des engrais à Hadjar Soud dans la wilaya de Skikda, ainsi que des installations portuaires dédiées au niveau du port de Annaba.
Ce projet permettra à l’Algérie de devenir un des principaux pays producteurs et exportateurs d’engrais, avec une production annuelle de plus de 6 millions de tonnes de produits phosphatés.
Compte tenu de l’importance de ce projet intégré pour le développement du pays, la réalisation de lignes ferroviaires minières a été programmée en vue de transporter les matières premières extraites, sur quatre tronçons d’une longueur totale d’environ 300 km, parallèlement à un projet aussi important, à savoir: le terminal minéralier de Annaba.
Parmi les grands projets sur lesquels l’Algérie mise, figure le gisement de zinc-plomb de Tala Hamza, dans la commune d’Amizour (Bejaïa), dont la première pierre a été posée en novembre dernier.
Fruit d’un partenariat algéro-australien, ce projet vise à exploiter un gisement renfermant une réserve de 34 millions de tonnes, avec l’extraction de 2 millions de tonnes de minéraux bruts par an pour produire 170.000 tonnes de concentré de zinc et 30.000 tonnes de concentré de plomb.
Ce nouveau complexe minier, dont l’exploitation débutera dans deux ans, permettra de renforcer et d’augmenter les capacités minières du pays ainsi que de créer de la valeur ajoutée afin de soutenir la diversification de l’économie nationale, tout en tenant compte de l’aspect environnemental et des objectifs de développement durable, en sus de la création de milliers d’emplois directs et indirects.
Au plan réglementaire, le secteur minier sera renforcé par une nouvelle loi dont l’avant-projet a été présenté récemment, dans une nouvelle mouture, lors de la réunion du gouvernement. Cet avant-projet de loi a pour objectif de créer un environnement juridique propice et favorable au développement de l’industrie minière et un cadre incitatif aux investisseurs, outre la promotion du transfert de la technologie.