DR
Comme chaque année, le classement mondial des World Food Awards 2025/2026 publié par la plateforme gastronomique TasteAtlas fait réagir. Cette édition, fondée sur 590 228 évaluations portant sur 18 912 plats traditionnels, place la cuisine algérienne à la 46ᵉ position mondiale, avec une note de 4,18/5. Un résultat honorable, mais en net recul par rapport aux années précédentes : 21ᵉ en 2024/2025 et 40ᵉ en 2023/2024.
Si l’Algérie reste dans le Top 50 mondial, elle cède du terrain face à ses voisins directs. La cuisine marocaine se classe 30ᵉ, tandis que la cuisine tunisienne occupe la 41ᵉ place. Un déclassement qui n’a pas manqué de relancer les débats sur les réseaux sociaux, notamment autour de la reconnaissance du patrimoine culinaire maghrébin.
TasteAtlas 2025/2026 : La cuisine algérienne en perte de vitesse ?
TasteAtlas, plateforme collaborative de référence, s’appuie sur les notes d’utilisateurs vérifiés à travers le monde. Cette année encore, le podium est dominé par des valeurs sûres : Italie, Grèce, Portugal et Japon. Plus loin dans le classement, certaines positions suscitent l’ironie, notamment la place de la cuisine américaine ou canadienne, jugée surprenante par de nombreux internautes.
Malgré son recul, l’Algérie continue de se distinguer par des réussites individuelles majeures. La karantika (garantita) a été élue meilleure street food mondiale 2025, tandis que le makrout el-louz s’est hissé à la deuxième place des meilleures pâtisseries mondiales en 2024. TasteAtlas recommande également plusieurs plats emblématiques algériens, parmi lesquels le couscous, la chorba frik, la rechta, la chakhchoukha, la mahjouba, ainsi que les dattes Deglet Nour et les huiles d’olive algériennes primées.
Analyse du classement : L’ascension et le recul de l’Algérie
L’entrée de la cuisine algérienne dans le Top 50 est récente. En 2023/2024, l’Algérie y figurait pour la première fois, portée par l’émergence de jeunes chefs algériens à l’international et par une visibilité accrue sur les réseaux sociaux. L’année suivante, elle atteignait même la 21ᵉ place, décrochant le titre symbolique de meilleure cuisine de la région MENA.
Le recul observé en 2025/2026 soulève plusieurs interrogations : baisse du nombre de votes, concurrence plus intense, ou encore déséquilibre dans la participation des internautes, souvent dominée par certaines diasporas. Pourtant, le patrimoine culinaire algérien demeure l’un des plus riches de la région, avec plus de 500 spécialités recensées par l’Office national de la culture et des arts culinaires.
Le classement ravive aussi les controverses régionales. De nombreux plats partagés à travers le Maghreb sont souvent attribués à un seul pays. Baghrir, tajines, pastilla ou msemen sont majoritairement associés au Maroc, tandis que la zlabia ou l’osban sont rattachés à la Tunisie. Côté algérien, certains chefs dénoncent des attributions qu’ils jugent arbitraires, estimant que l’apport algérien reste sous-évalué.
Historiquement, ces plats sont le fruit d’un héritage berbère, arabe et ottoman commun, façonné par les migrations et les échanges. Le couscous, classé au patrimoine immatériel de l’UNESCO en 2020 dans un dossier partagé, illustre parfaitement cette dimension transfrontalière.
Entre fierté nationale et scepticisme global
Sur les réseaux sociaux, les réactions algériennes oscillent entre fierté d’être dans le Top 50 mondial malgré une visibilité limitée, et frustration face à un recul jugé injuste. Des créateurs de contenu culinaire appellent désormais à une mobilisation accrue pour mieux représenter la gastronomie algérienne sur les plateformes internationales.
À l’échelle mondiale, le scepticisme demeure. De nombreux critiques rappellent que ces classements restent subjectifs, dépendants des votes et des tendances numériques. Une chose est sûre : au-delà des chiffres, la cuisine algérienne continue de séduire, de raconter une histoire et de s’imposer, plat après plat, comme un pilier du patrimoine méditerranéen et africain.
