Lorsque l’incivisme et l’anarchie nous assaillent et nous tordent les entrailles, on s’acroche à l’espoir, pour croire que tout ne va pas si mal, que tout n’est pas si sombre. Mais, après tant d’années de déboires, l’éteincelle se consume et fuit. Le temps traverse en y semant le vide et on est rattrapé par l’amère réalité.
Nos yeux sont fatigués de voir tant de saletés. Nos rues et nos plages ressemblent, et ressembleront toujours, à des dépotoirs. Sans contemplation aucune, nous empruntons les mêmes chemins crevassés, dépourvus de la moindre végétation. Pas de grands rosiers, pas d’aires de jeu en bon état pour les petits, ni de bancs pour les plus âgés. Oui…Demandez à nos aînés, eux seulement connaissent si bien cette nostalgie des lieux de l’enfance. Ils la connaissent si bien cette soif inassouvie, inextinguible de retrouver Annaba dans ses plus beaux atouts d’antan.
Nous continuons de marcher sur des terrains exploités illégalement en tant que parkings, gardés par des hommes aux allures de voyous, munis de gourdins destinés à intimider les propriétaires de véhicules. Et si vous refusez de les payer, ils n’hésiteraient pas à vous dégobiller une série d’insultes à faire rougir les plus grossiers d’entre nous.
Crimes, pickpocket, harcèlement et grossièretés de rue…Sans aucun pessimisme noir, la sécurité demeure illusoire, pour certains nos hôpitaux sont devenus des mouroirs, le talent de nos artistes pressé à l’aplatissoire et la vie pour les personnes handicapées se résume à de brefs moments d’espoir.
La plus belle plume ne fait pas le plus bel oiseau…Ma ville, ma triste ville est devenue un étouffoir dans lequel on s’agite pour trouver un brin de beauté…Un peu de lumière que la férocité et la bêtise humaine ont précipité dans le cauchemar.
Sara Boueche