Le scolyte, un parasite qui attaque et tue les arbres en les desséchant, ravage la forêt de l’Université des sciences et technologie d’Oran « Mohamed Boudiaf » qui s’étend sur plus de 8 hectares et risque de disparaitre très rapidement si une opération d’abattage n’est pas organisée en toute urgence, estiment les spécialistes.
Le constat est affligeant : certaines parties de cet espace forestier offrent un triste spectacle. Des arbres morts sur pied, secs ou dénudés. D’autres arbres sont tombés seuls, leurs troncs complètement rongés par les scolytes et ne pouvant plus supporter le poids des branches.
Des dizaines d’arbres sont marqués par des croix peintes en noir. « Ce sont des arbres qu’il faut abattre », explique le président de l’association écologique et ornithologique « Chafii Allah », Chafii Allah Ben Mâamar, qui a accompagné l’équipe de l’APS dans une visite à cette forêt.
Il a été le premier à constater les dégâts causés par les scolytes dans cette forêt, dès octobre 2020. « Un pur hasard » dit-il. En chemin pour rejoindre une réunion avec des responsables de l’université, il remarque une huppe fasciée – une espèce d’oiseau- à l’entrée de la forêt. Il la suit, et pénètre au fond de la forêt pour constater le désastre.
En octobre 2020, le parasite n’avait ravagé que 20 à 30% de cette surface boisée. Un an plus tard, il a en gangréné 60% de cette surface autrefois et constituant un véritable poumon pour cet établissement, explique M. Ben Maamar, qui se montre pessimiste quant à l’avenir de la forêt, si elle n’est pas prise en charge de toute urgence.
Les huit hectares boisés dans les années 1980 parallèlement à la construction du campus, risquent de disparaitre. « Les arbres attaqués par les scolytes mourront les uns après les autres, si rien n’est fait », avance-t-il.
La gangrène avance inexorablement et menace de ravager tout sur son chemin. La seule solution réside dans l’abattage des arbres touchés qu’il faille évacuer pour empêcher les parasites de se propager. La seule opération d’abattage a été organisée en décembre 2021. Pas moins de 120 arbres ont été coupés et abandonnés sur place, a-t-on constaté.
Face à cette situation, l’association et les autorités locales ont initié de petites actions qui demeurent insuffisantes. Un comité regroupant la Conservation des forêts, la direction locale de l’environnement et l’université a été constitué pour suivre cette affaire.
« Un plan d’action a été tracé », assure la vice-rectrice de l’USTO, Mme Miroufel Naima. Elle a précisé que ce plan consiste à abattre les arbres infectés puis se lancer une opération de reboisement. Une vaste opération pour le nettoyage de la forêt des déchets qui jonchaient le sol, a également été organisée par le comité.
Pour pouvoir abattre 60% des arbres de cette forêt, il faudrait des moyens matériels et humains importants. La crise sanitaire de la Covid19, limite la disponibilité des volontaires.
Le comité du suivi de la forêt ne dispose que de deux tronçonneuses. Une convention a été signée avec l’entreprise de gestion des centres d’enfouissement technique (EPIC CET Oran) pour évacuer les arbres abattus « quand elle peut », explique la vice-rectrice de l’USTO.
S’agissant du rôle de la conservation des forêts, spécialisée dans ce genre d’interventions, le chef de son service de la protection de la faune et de la flore, Mohamed Chami, a expliqué qu’il s’agit d’une forêt urbaine ne relevant pas de la conservation. « Un arrêté de wilaya autorisant l’intervention de la conservation est nécessaire », ajoute-t-il.
» Depuis plusieurs années, le phénomène est signalé un peu partout à travers le pays. La Conservation des forêts intervient souvent pour l’abattage des arbres touchés », a-t-il expliqué.
La forêt urbaine de l’USTO est composée de 90% de pins d’Alep. Le reste est constitué d’un mélange de plusieurs espèces : oliviers sauvage, Cyprès, caroubiers et thuyas. Plus d’une cinquantaine d’oiseaux ont été recensés dans cet espace par l’association » Chafii Allah » et le club vert de l’université, comme le serin cini, la mésange, la perdrix, le merle noir et le verdier.
« Le scolyte est un minuscule insecte qui s’attaque aux arbres. Il s’incruste sous l’écorce, bloquant la circulation de la sève, ce qui entraîne le dessèchement et la mort de l’arbre », explique Mohamed Chami, ajoutant que cette bestiole, une fois immiscée à l’intérieur de l’écorce, évolue rapidement. « Il lui faut quelques semaines, selon les conditions climatiques, pour tuer un arbre », note-t-il encore.