Nâama: Des associations s’impliquent dans la promotion de la langue amazighe

Plusieurs associations et hommes de culture de la wilaya de Nâama s’impliquent, par des activités variées et des initiatives, dans la promotion de la langue amazighe.

Outre les efforts pour enseigner la langue amazighe dans les écoles, la préservation et la promotion de cette langue maternelle se fait grâce à plusieurs associations, des poètes et des chercheurs qui contribuent à mettre en exergue la dimension culturelle, historique et sociale du patrimoine national amazigh et sa variété linguistique d’une région à une autre.

Dans ce contexte, l’association culturelle « Ighermawn Samer » de la commune d’Asla organise périodiquement un atelier sur le conte et le récit amazighs, animé par le professeur Mustapha Bouzidi, afin de faire connaître les techniques du conte amazigh circulant dans les ksours de la région et son esthétique.

« Nous oeuvrons à inventorier le patrimoine narratif de la littérature amazigh dans la région et à encourager sa collecte et sa promotion, mais cela nécessite l’orientation et le soutien des étudiants et des spécialistes universitaires à conduire davantage de recherches sur la variété locale de la langue amazigh », a souligné ce cadre associatif.

Hadefi Abdelkader, homme de théâtre et poète amazigh du kasr de Sifisifa, enseigne,  avec sa troupe de théâtre, la culture amazighe aux enfants. Il exploite dans ses  représentations théâtrales des scénarios, textes, décors et d’effets vestimentaires inspirés du patrimoine amazigh, malgré le « peu » de moyens dont il dispose, comme il relève.

Pour sa part, l’association locale « Izourane » a créé une troupe pour le patrimoine musical et folklorique amazighs, regroupant des artisans, des peintres et des musiciens, qui participent à la célébration de différentes fêtes, manifestations et expositions artistiques d’artisanat, d’arts plastiques et d’art culinaire populaire pour mettre en avant l’héritage matériel et immatériel amazigh de la région, selon un membre de l’association, Kabou Abdessamed.

La direction de l’éducation de la wilaya a ouvert 27 classes pour enseigner la langue amazighe, au cours des dernières années scolaires.

Le nombre d’élèves étudiant la langue amazighe dans la wilaya est passé progressivement à près de 300 aux niveaux des quatrième et cinquième années du primaire dans  les daïras de Nâama, Sfissifa, Asla et Aïn Sefra, selon le même instance.

Pour sa part, l’annexe de l’Office d’alphabétisation et d’enseignement des adultes de Nâama a récemment pris l’initiative d’ouvrir deux classes d’enseignement de la langue amazigh, dans le but de permettre à ceux qui désirent apprendre et maîtriser cette langue et ses principes de base suivant un programme pédagogique annuel, selon cette annexe.

« Mettre à disposition les moyens nécessaires, soutenir l’aspect formation et amener les parents à répondre aux efforts d’enseignement de cette langue sont parmi les facteurs importants favorisant  l’utilisation de tamazight », a déclaré Boudjemai Kahina, enseignante de la langue amazighe à l’école « Mustapha Belabbes » dans la commune de Sfissifa », relevant « un développement progressif de l’enseignement de tamazight dans les ksour au sud de la wilaya ».

La langue amazighe locale était largement utilisée par les citoyens à différents niveaux, à travers les ksours disséminés dans la région, comme indiqué par leurs noms, dont la plupart ont disparu, notamment « Oum Drouj », « Tchouchit », « Azimane », « Hattio » et « Dwi Aïssa », de même que des manuscrits anciens détaillant les horaires des distribution d’eau dans les palmeraies et les noms des vergers en langue amazighe, indique le chercheur Abdelhafid Himi de l’Université de « Tahri Mohamed » de Bechar.

Le même chercheur affirme que la promotion de l’utilisation et de l’enseignement de la langue amazighe dépend de la valorisation des activités artistiques et culturelles et de leur utilisation dans les moyens de communication et à travers les pages Web, ainsi que du soutien aux initiatives d’amateurs, notamment celles liées à la poésie en langue amazighe et le théâtre.

Pour préserver le rayonnement culturel amazigh, le chercheur propose de créer une pépinière de jeunes talents dans divers domaines culturels et artistiques en langue amazighe et de les encourager à écrire dans cette langue, en plus de l’impression et de l’édition de livres dans cette langue nationale.

Le chercheur Tahar Bouzar, originaire du Ksar de Sfissifa au sud de Nâama, a des contributions littéraires et linguistiques dans le domaine de la consolidation des bases de connaissances et des outils en linguistique liés à la richesse des mots amazighs (tachelhit, mozabite, tazentit, tachenwit, tchawit, thaqbaïlit , warglia, naaqousia, et autres), qui s’étend du Nord au Sud et d’Est en Ouest du pays.

Le même chercheur contribue à travers des sites internet et des publications à la littérature et les arts concernant l’usage de l’écriture « tifinagh » et sa prononciation et son équivalent en arabe et en latin, suivant un ordre alphabétique.

L’édition et l’impression de livres en langue amazighe est encore à ses début dans la wilaya de Nâama et a besoin de valoriser les apports du mouvement culturel amazigh et ses acquis scientifiques et artistiques, d’organiser des ateliers d’écriture amazighe, selon l’écrivain Ahmed Boutrad, membre de l’Association « Titawine » pour le patrimoine amazigh de Tiout.

Ahmed Boutrad propose d’inventorier et de transmettre le patrimoine oral de « tachelhit » utilisé par la majorité des habitants des ksours de la région, qui portent des noms d’origine amazighe.

 

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