Les associations « Moustakbel Haï Abdelhamid Benbadis » et « Irth pour le patrimoine matériel et immatériel », ainsi qu’un entrepreneur privé de Constantine consentent actuellement des efforts pour restaurer « l’Imprimerie musulmane algérienne » du Cheikh Abdelhamid Benbadis, dans le cadre d’une action de volontariat, après un abandon de plusieurs années ayant conduit à sa détérioration.
Dans le cadre de la célébration de la Journée du Savoir (16 avril), Abdelaziz Touhami, président de l’association « Moustakbel Haï Abdelhamid Benbadis » du vieux quartier Rebaine-Cherif où se trouve l’imprimerie, a précisé que la démarche, lancée en coordination avec des spécialistes du Musée public national des arts et expressions culturelles traditionnelles-Palais Ahmed Bey- Constantine, a débuté par un inventaire des lieux et la conservation selon les normes requises, de tous les équipements de l’imprimerie ainsi que ses caractères typographiques, par l’association, et ce, jusqu’au parachèvement des travaux de rénovation.
Relevant que l’imprimerie du Cheikh Benbadis, une fois réhabilitée, pourrait devenir un musée retraçant les efforts de l’Association des oulémas musulmans algériens dans l’émergence d’une presse propre à l’association, M. Touhami a précisé que l’initiative est une action bénévole, dans le cadre des efforts concertés des acteurs soucieux de ressusciter cet héritage matériel compte tenu de sa valeur historique, car lié à l’histoire de l’imprimerie et de la presse en Algérie.
S’agissant des travaux de rénovation, Saber Arab, l’entrepreneur bénévole chargé du chantier, a indiqué que les travaux concernent la réfection des murs à l’identique, la réparation de la toiture et du sol ainsi que la peinture, en utilisant des techniques devant préserver l’authenticité des murs de l’imprimerie.
Aussi, la façade de l’imprimerie, les portes et les fenêtres seront également concernées par les travaux, tandis que l’enseigne de la structure sera reprise à l’identique par un artiste spécialisé en calligraphie arabe, a-t-il relevé.
De son côté, le chef de service du patrimoine culturel auprès de la direction de la Culture et des arts, Lamine Karoui, a souligné que le projet de restauration de « l’Imprimerie musulmane algérienne » était inscrit dans le cadre d’une opération d’étude, de suivi et de restauration des édifices particuliers, avant que les deux associations en question et une entreprise privée ne prennent l’initiative de la rénover de manière bénévole.
Il a ajouté que les machines d’impression détériorées seront également réparées, rappelant qu’un inventaire des biens mobiliers de cette imprimerie a été réalisé.
A l’imprimerie, il y a deux grandes machines, une rotative alimentée par des bobines de papier et un massicot, ainsi qu’un bureau, des lettres typographiques en bois utilisées autrefois dans l’impression et des moules lithographiques.
Selon des documents d’archives, l’imprimerie du Cheikh Benbadis a été créée en 1925, après l’acquisition du matériel de France pour un montant de 7.800 anciens francs, alors que les lettres d’impression en arabe ont été ramenées par le Cheikh Abdelhamid Benbadis du Liban, dans un contexte où les imprimeries étaient contrôlées par la France coloniale et où il n’existait que peu d’imprimeries créées à l’époque par les Algériens pour éditer leurs publications.
Quant à l’idée de créer « l’Imprimerie musulmane algérienne », elle remonte à l’époque où le Cheikh Abdelhamid Benbadis, père du Mouvement réformateur en Algérie et fondateur de l’Association des oulémas musulmans algériens, écrivait des articles dans le journal « Al-Najah » fondé en 1919.
Les premières publications en 1925
Cheikh Benbadis et ceux qui l’ont accompagné dans le projet de création de l’imprimerie sont parvenus à installer les machines et à mettre en place les équipements nécessaires en avril 1925.
La première publication de l’imprimerie a eu lieu le 2 juillet 1925 avec le journal « El Mountakid » qui marqua les débuts du Cheikh Abdelhamid Benbadis (1889-1940) dans le monde du journalisme, où il devait faire face aux intimidations de l’administration coloniale qui avait décidé de suspendre le journal après la publication de 18 numéros.
Le Cheikh revint à la charge et publia le journal « El Chihab » le 12 novembre 1925, lequel en raison de difficultés financières fut publié quatre ans plus tard en tant que revue mensuelle.
La revue mensuelle avait été par la suite suspendue par les autorités françaises, au lendemain du déclenchement de la seconde guerre mondiale, selon des documents d’archives.
Pour rappel, la réhabilitation de l’imprimerie du Cheikh Benbadis était inscrite dans le cadre d’un programme de restauration du patrimoine culturel de Constantine dans le cadre de la manifestation « Constantine, capitale 2015 de la culture arabe », mais, conséquemment à des problèmes et obstacles administratifs, et la décision de geler le projet, la réhabilitation n’avait pu être concrétisée