La filière de la tomate industrielle à Chlef a enregistré, durant la saison agricole 2022/2023, une récolte abondante ce qui a mis les capacités de transformation de la wilaya face à une véritable épreuve pour absorber cette abondance et encouragé les agriculteurs et les producteurs à penser à s’orienter vers l’exportation et à l’écoulement de leurs produits à travers d’autres branches de la filière.
L’augmentation de la superficie destinée à la culture de la tomate dans la wilaya de Chlef, de 1.500 hectares la saison dernière à plus de 2.100 hectares cette saison, et la hausse du rendement à l’hectare, qui a atteint dans les superficies irriguées plus de 1.000 quintaux, et entre 450 et 600 quintaux pour les superficies non irriguées, ainsi que l’opération de récolte ont permis d’enregistrer une production abondante entrainant de longues files d’attente devant l’unité de transformation malgré le renforcement de ses capacités de transformation, selon la direction locale des services agricoles.
Dans une déclaration à l’APS, le directeur du secteur, Mehdi Kouadria, a fait savoir que son département comptait 370 agriculteurs inscrits dans la filière de la tomate industrielle, dont 340 agriculteurs sous contrat avec l’unité privée de transformation « Telloise », qui a augmenté sa capacité de transformation à 2.800 quintaux par jour cette saison.
Il a souligné que « les autorités locales ont fourni toutes les facilités pour la création d’autres usines de transformation pour absorber l’abondance de production enregistrée par cette filière ».
Le même responsable a affirmé que ses services avaient établi, en coordination avec le Conseil national interprofessionnel de la filière tomate industrielle et une usine de transformation, un calendrier spécial pour la récolte et l’écoulement des produits, en tenant compte des capacités de transformation de la wilaya. Cependant, la vague de chaleur « exceptionnelle » observée récemment dans la wilaya a accéléré la maturation des tomates dans différentes régions, ce qui a nécessité leur récolte immédiate et entraîné de longues de files d’attente devant l’unité de transformation.
===Plus de 58 000 tonnes de tomates transformées et 100 000 tonnes en perspective==
Pour sa part, le chef du service commercial à l’unité de transformation de « Telloise », la seule au niveau de la wilaya, Sadek Meriem Kherafa, a affirmé que l’usine a transformé, depuis le début de la récolte à ce jour, plus de 58 000 tonnes de tomates industrielles, prévoyant d’atteindre cette saison, 100 000 tonnes à la fin du processus.
Plus de 80 000 tonnes ont été transformées durant la saison précédente.
L’usine a élaboré un programme spécial, en prévision de la réception des récoltes de tous les agriculteurs conventionnés (396 agriculteurs issus pour la plupart des wilayas de Chlef, Aïn Defla et Relizane), selon les prévisions de production et la superficie cultivée. Cependant les conditions météorologiques ont accéléré le processus de récolte, perturbant ainsi le programme fixé préalablement.
Pour absorber la production abondante de tomate, l’usine a augmenté ses capacités de transformation, qui sont passées de 2300 qx/jour en 2022 à 2800 qx/jour actuellement.
Le taux d’avancement des travaux d’installation de la troisième ligne de transformation, actuellement en cours, a atteint les 80%, avec une capacité de transformation de 1500 qx/jour, ce qui signifie théoriquement une hausse des capacités de transformation de l’usine, en une seule journée, à près de 4300 qx/jour, souligne le même responsable.
Parallèlement à la production abondante de la plupart des superficies réservées à la culture de la tomate industrielle à Chlef, et vu la pression enregistrée au niveau de l’unité de transformation, d’autres agriculteurs ont opté pour la vente de leurs récoltes aux usines de transformation dans les wilayas de Relizane et Blida. D’autres ont préféré l’écouler (production) sur le marché local, à 20 et à 30 DA/1kg, selon la qualité et le volume du produit.
Le président du Conseil interprofessionnel de la filière de la tomate industrielle à Chlef, Mohamed Benyamina, a salué la maitrise par les agriculteurs du processus technique de ce produit et l’introduction de différentes technologies modernes à sa culture, relevant que « les conditions climatiques difficiles et la pénurie d’eau n’ont pas impacté leur détermination à relever le défi et à atteindre un rendement record pour un hectare ».
« La volonté des agriculteurs de développer cette filière a atteint le domaine du séchage de la tomate industrielle et son exportation », une filière qui a encore besoin, selon le même responsable, « de l’accompagnement et du soutien de l’Etat ».
- Benyamina a rappelé la première expérience d’exportation de 80 tonnes de tomate séchée qu’il a menée avec des agriculteurs de la région, il y a deux ans, vers un pays européen, une expérience qu’il n’a pas pu refaire l’année précédente et pendant la saison en cours en raison des coûts de production élevés, et ce malgré les grosses commandes.
Concernant l’unité de transformation qui commercialise le triple concentré de tomate, le double concentré de tomate (28 %) et le concentré de tomate (22%), M. Sadik Meryem Kherafa a fait savoir que la possibilité d’exportation ne se pose pas actuellement », étant donné que la tomate industrielle est subventionnée par l’Etat, sauf en cas d’amendement dans l’avenir des lois régissant ce domaine ».
La filière de la tomate industrielle en Algérie bénéficie du soutien et de l’accompagnement de l’Etat, en accordant une subvention à l’agriculteur, estimée à 4 DA par kilogramme, et à l’usine à 1,5 DA par kilogramme, ou en allouant des parts importantes d’eau pour l’irrigation agricole et l’octroi de licences de forage de puits.
Alors que la Direction des services agricoles de Chlef œuvrent à étendre la zone de culture de la tomate industrielle à raison de 200 hectares par an, ainsi qu’à former les agriculteurs et à les informer des dernières techniques dans le domaine de l’agriculture, de l’irrigation, et du traitement de prévention et de la chimie, les agriculteurs aspirent à développer l’industrie manufacturière et à organiser la filière pour leur permettre de mener des opérations d’exportation et d’accéder aux marchés internationaux.