Au cœur de l’histoire d’Annaba se dresse le Mausolée de Sidi Brahim Ben Toumi, un édifice emblématique qui témoigne de la riche histoire spirituelle et culturelle de l’ancienne Bouna. Cette construction, qui marque l’entrée occidentale de la ville, fut érigée en l’honneur d’un homme dont le parcours a profondément marqué la région.
L’histoire commence avec Sidi Brahim Ben Toumi El Merdassi El Hillali, né en 1585 dans la région qui correspond aujourd’hui à Asfour, dans la wilaya d’El Tarf. Accompagné de ses fidèles compagnons – Sidi Chaouch, Sidi El Garmi, Sidi Ediouani et Sidi El Foughali – il s’établit à Bouna pour résister à la présence espagnole.
C’est au bord de l’oued Bedjima qu’il installa sa modeste tente, transformant ce lieu en un centre d’enseignement spirituel jusqu’à sa disparition en 1676. Le destin du mausolée est intimement lié à une rencontre providentielle entre le saint homme et Ali Bey, le souverain déchu de Tunis.
Ce dernier, trouvant refuge à Bouna, bénéficia de l’hospitalité de Sidi Brahim et de la population locale. Après avoir reconquis son trône et obtenu un héritier, Ali Bey, fidèle à sa promesse, fit construire un dôme majestueux sur la sépulture du saint, précisément là où s’élevait autrefois sa tente.
Au fil des siècles, le mausolée s’est imposé comme un lieu central de la vie sociale et spirituelle des Bônois. Les habitants y venaient pour prier, célébrer les circoncisions, et perpétuer la tradition des mariages où les jeunes mariées faisaient le tour du dôme en calèche avant de rejoindre leur nouvelle demeure.
Miraculeusement préservé d’une démolition programmée dans les années 1980 – les engins destinés à sa destruction étant mystérieusement tombés en panne – l’édifice fut classé patrimoine national en 1992. Aujourd’hui, le mausolée continue d’être un lieu vivant où résonnent les récitations du Coran.
Plus qu’un simple qu’un simple témoin vivant de l’histoire d’Annaba restauré au début des années 2000, le mausolée de Sidi Brahim Ben Toumi représente un potentiel considérable pour le développement du tourisme religieux et culturel, créant ainsi un pont entre le patrimoine spirituel et le développement économique local.
Sara Boueche