Le poids excessif des cartables scolaires demeure une réalité quotidienne accablante pour des milliers d’élèves algériens, particulièrement au niveau du cycle primaire. Malgré les engagements répétés du ministère de l’Éducation nationale pour alléger ce fardeau, la situation reste largement inchangée sur le terrain. Toutefois, à Annaba, une lueur d’espoir se dessine : le directeur de l’Éducation de la wilaya a entamé un dialogue concret avec l’association des parents d’élèves pour tenter de trouver des solutions adaptées à la réalité locale.
Un fléau quotidien aux conséquences sanitaires préoccupantes
Chaque matin, des milliers d’écoliers se rendent en classe avec des cartables dont le poids dépasse largement les recommandations médicales. Les spécialistes préconisent que le poids du cartable ne doit pas excéder 10% du poids corporel de l’enfant. Pourtant, la réalité est tout autre : entre les manuels scolaires, les cahiers, les fournitures et parfois même les outils de géométrie, certains cartables atteignent 6 à 8 kilogrammes pour des enfants de 7 à 11 ans.
Cette situation n’est pas sans conséquences. Médecins et kinésithérapeutes alertent régulièrement sur les risques pour la santé des enfants : douleurs dorsales, problèmes de posture, scoliose précoce, et fatigue chronique. Le développement physique des plus jeunes est ainsi compromis par une charge qu’ils ne sont pas en mesure de supporter. Les parents d’élèves, inquiets pour la santé de leurs enfants, multiplient les démarches auprès des établissements scolaires et des autorités compétentes.
Des promesses nationales qui tardent à se concrétiser
Le ministère de l’Éducation nationale a annoncé à plusieurs reprises des mesures pour remédier à cette problématique. Parmi les solutions évoquées figuraient la numérisation des supports pédagogiques, la distribution de tablettes électroniques aux élèves, et la mise en place de manuels numériques accessibles via des plateformes dédiées. Ces initiatives devaient révolutionner l’apprentissage tout en allégeant considérablement le poids des cartables.
Cependant, force est de constater qu’à ce jour, aucune de ces promesses ne s’est matérialisée à l’échelle nationale. Les écoles d’Annaba, à l’image de nombreux établissements à travers le territoire, n’ont reçu aucune tablette, aucun équipement numérique permettant de remplacer les lourds manuels papiers. Le fossé se creuse ainsi entre les annonces officielles et la réalité vécue quotidiennement par les familles et les élèves.
Annaba : une initiative locale porteuse d’espoir
Face à ce constat d’inertie au niveau central, la wilaya d’Annaba a décidé de prendre les devants. Mardi dernier, le directeur de l’Éducation de la wilaya, Mokhtar El Aouamer, a organisé, mardi dernier, une deuxième rencontre avec l’Association des parents d’élèves, marquant ainsi sa volonté d’établir un dialogue constructif et régulier. Cette réunion, qui s’est tenue en présence des responsables de plusieurs services stratégiques – notamment la division des études et examens, la division des finances et moyens, ainsi que le bureau des administrateurs – témoigne d’une approche globale et structurée des problématiques scolaires.
Cette rencontre a été consacrée à l’examen des conditions de scolarisation en ce début d’année, avec un accent particulier sur plusieurs points sensibles. Les discussions ont porté notamment sur la question de l’encombrement dans certaines classes, un problème récurrent dans plusieurs établissements qui aggrave indirectement la problématique des cartables en limitant les espaces de rangement possibles. L’amélioration du service d’alimentation scolaire et la disponibilité du transport pour les élèves figurent également parmi les priorités évoquées.
La sécurité et la discipline au sein des établissements scolaires ont été au centre du débat, tout comme d’autres préoccupations soulevées directement par les parents, parmi lesquelles le poids des cartables occupe une place majeure. Le Directeur de l’Éducation a insisté sur l’importance du dialogue direct avec les élèves afin de renforcer les valeurs d’ordre, de respect et de responsabilité, des principes qui peuvent également s’appliquer à une meilleure organisation du matériel scolaire.
En conclusion de approche participative, M. El Aouamer a fait part de sa volonté de considérer les parents comme de véritables interlocuteurs et partenaires dans le processus éducatif, soulignant que leur implication est essentielle pour assurer de meilleures conditions d’apprentissage et favoriser la réussite scolaire des enfants.
Des solutions alternatives à portée de main
Face à l’absence de mise en œuvre des solutions numériques promises au niveau national, des alternatives pragmatiques et économiques peuvent être rapidement déployées à l’échelle locale. L’installation de casiers individuels dans les établissements scolaires constitue une mesure concrète et accessible. Ce système permettrait aux élèves de laisser une partie de leurs manuels et fournitures à l’école, ne transportant que le strict nécessaire pour leurs devoirs à domicile.
Le principe est simple : chaque élève dispose d’un casier personnel sécurisé où il peut ranger un second jeu de manuels scolaires. Ainsi, un manuel reste en permanence à l’école pour le travail en classe, tandis qu’un autre peut être conservé à domicile pour les révisions. Cette organisation, déjà adoptée avec succès dans plusieurs pays, éviterait aux enfants de transporter quotidiennement l’intégralité de leurs supports pédagogiques.
Une autre piste consisterait à optimiser les emplois du temps pour que les élèves n’aient à apporter que les livres correspondant aux matières enseignées chaque jour. Cette coordination nécessiterait une meilleure communication entre l’administration scolaire et les familles, notamment via les cahiers de texte numériques ou les groupes de parents. Les directeurs d’établissement pourraient également encourager les enseignants à privilégier les photocopies d’exercices plutôt que d’exiger systématiquement le transport de tous les manuels.
Enfin, le ministère de l’Éducation nationale doit désormais passer de la parole aux actes. Les enfants algériens méritent mieux que des promesses répétées sans lendemain. Leur santé, leur bien-être et leur réussite scolaire en dépendent. Les autorités éducatives centrales doivent s’inspirer des initiatives locales comme celle d’Annaba et mettre en œuvre, dans les plus brefs délais, les solutions maintes fois annoncées ou soutenir les wilayas dans le déploiement de mesures alternatives.
La question du poids des cartables n’est pas une fatalité. D’autres pays ont su apporter des réponses efficaces à cette problématique, démontrant qu’avec de la volonté politique et des investissements ciblés, il est possible de préserver la santé des écoliers tout en maintenant la qualité de l’enseignement.
Sara Boueche