Annaba, ville côtière au riche passé industriel et portuaire, fait aujourd’hui face à une problématique sociale silencieuse, mais préoccupante..il s’agit du travail des enfants. Derrière l’image dynamique de la wilaya, marquée par l’activité économique et commerciale, se cache une réalité plus sombre vécue par des dizaines d’enfants contraints de quitter prématurément les bancs de l’école pour contribuer à la survie de leurs familles.
Dans plusieurs cités populaires de la ville et de ses communes périphériques, des enfants en âge de scolarité sont quotidiennement aperçus dans les rues, aux abords des marchés ou des axes routiers, exerçant de petites activités informelles. Vente ambulante, aide dans des ateliers artisanaux, mendicité déguisée ou services occasionnels constituent autant de formes de travail qui, bien que souvent banalisées, portent atteinte aux droits fondamentaux de l’enfant, notamment celui à l’éducation, à la protection et à une enfance digne.
Cette situation trouve son origine dans une combinaison de facteurs sociaux et économiques. La précarité des ménages, le chômage ou l’instabilité professionnelle des parents, ainsi que la hausse du coût de la vie poussent certaines familles à considérer le travail des enfants comme une solution de dernier recours. Dans ce contexte, l’école devient secondaire face à l’urgence de subvenir aux besoins quotidiens, exposant ces enfants à un avenir incertain et à une marginalisation progressive.
Pourtant, le cadre juridique algérien est clair. La législation nationale interdit toute forme de travail avant l’âge légal et prévoit des mécanismes de protection de l’enfance. Toutefois, la réalité du terrain montre que l’application de ces lois reste difficile, notamment dans le secteur informel, largement répandu à Annaba. L’absence de déclarations officielles et la tolérance sociale à l’égard de certaines activités exercées par les mineurs rendent le phénomène difficile à quantifier et à éradiquer.
Les acteurs du secteur social et éducatif s’accordent à dire que la lutte contre le travail des enfants ne peut se limiter à des mesures répressives. Elle nécessite une approche globale, fondée sur le soutien aux familles vulnérables, le renforcement des dispositifs d’aide sociale et la prévention par l’école. Sensibiliser les parents, accompagner les enfants en situation de décrochage scolaire et offrir des alternatives éducatives et culturelles apparaissent comme des leviers essentiels pour briser ce cercle vicieux.
À Annaba, comme ailleurs, le travail des enfants n’est pas seulement une question de loi, mais un indice révélateur des fragilités sociales. Le combattre, c’est investir dans l’avenir de toute une génération et rappeler que la place de l’enfant n’est ni dans la rue, ni dans les ateliers, mais à l’école, dans un environnement protecteur qui lui permette de grandir, d’apprendre et de s’épanouir.
S.F
