Emmanuel Macron a rencontré les dirigeants allemands et polonais à Berlin au lendemain de son tête-à-tête avec Poutine. Il avait rencontré plus tôt dans la journée le président ukrainien et s’est dit optimiste quant à une désescalade,
Préserver la paix en Europe : la France, l’Allemagne et la Pologne ont affiché leur objectif commun et leur unité, mardi 8 février, après un marathon diplomatique d’Emmanuel Macron qui assure voir des « solutions concrètes » à la crise russo-occidentale liée à l’Ukraine.
Les trois pays sont « unis » pour empêcher la guerre « par la diplomatie et par des messages clairs, ainsi que la volonté commune d’agir ensemble », a assuré le chancelier allemand Olaf Scholz qui recevait les présidents français et polonais, Emmanuel Macron et Andrzej Duda.
Ce dîner de travail à Berlin était la dernière étape de la tournée diplomatique d’Emmanuel Macron qui a enchaîné un long face à face avec Vladimir Poutine lundi, puis avec Volodymyr Zelensky, le président ukrainien, mardi, à la recherche d’une issue diplomatique dans un contexte de tensions d’un niveau rarement atteint depuis la fin de la Guerre froide.
Andrzej Duda a dit croire possible « d’éviter la guerre », tandis qu’Emmanuel Macron a plaidé en faveur « d’un dialogue exigeant avec la Russie » car c’est « le seul chemin qui rendra possible la paix en Ukraine », lors de courtes déclarations avant leur réunion.
La présence de dizaines de milliers de soldats russes à la frontière ukrainienne fait craindre aux Occidentaux une invasion de l’Ukraine par la Russie, qui a déjà annexé la Crimée en 2014 et soutient les séparatistes en guerre avec les forces ukrainiennes depuis la même année, un conflit ayant fait plus de 13 000 morts et n’ayant jamais cessé malgré les accords de paix de Minsk.
« Nul n’est naïf »
Au lendemain de sa rencontre avec le président russe Vladimir Poutine, qui s’est dit prêt à « des compromis », le président français, Emmanuel Macron, s’était rendu, plus tôt mardi, à Kiev, où il a rencontré son homologue ukrainien, Volodymyr Zelensky.
A l’issue de ces rencontres, M. Macron a déclaré qu’il existait « désormais la possibilité de faire avancer les négociations » de paix entre la Russie et l’Ukraine. Il s’est également montré optimiste quant à la possibilité de trouver « des solutions concrètes pratiques »pour aboutir à une désescalade. Le président Poutine « m’a dit qu’il ne serait pas à l’origine d’une escalade. Je pense que cela a son importance », a-t-il expliqué. « Il ne faut en rien sous-estimer la tension que nous sommes en train de vivre (…) on ne peut pas régler cette crise en quelques heures de discussions », a-t-il cependant averti.
Le président français a aussi souligné un engagement russe sur le fait « qu’il n’y aurait pas de base fixe ni de déploiement d’équipements sensibles » en Biélorussie, où des manœuvres militaires communes avec la Russie sont prévues jusqu’au 20 février.
En revanche, M. Macron a précisé ne pas avoir obtenu d’engagement quant au retrait des troupes russes de la frontière russo-ukrainienne. « Nul n’est naïf, les déploiements récents sont liés à une situation de tension. Hier, je n’ai pas annoncé quoi que ce soit sur ce sujet. Ce sera le fruit d’un processus que nous avons ouvert », a-t-il détaillé.
Boutade de Poutine à Zelensky
Globalement, selon le chef de l’Etat, la question de la désescalade dans la région « ne se réduit pas à la question de l’OTAN », mais « recouvre d’autres sujets ». « En la matière, il nous faut poursuivre le dialogue » avec Vladimir Poutine, a-t-il insisté.
Interrogé sur le résultat de la rencontre entre Vladimir Poutine et Emmanuel Macron, le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell a estimé mardi que cela représentait « un élément de détente », tout en reconnaissant que le « problème » n’avait « pas encore été résolu ». « La visite du président Macron à Moscou était importante mais elle n’a pas fait de miracle, la situation reste tendue », a-t-il poursuivi.
Lundi, au terme de plus de cinq heures de discussion, M. Poutine a déclaré que « certaines des idées » de son homologue français pourraient « jeter les bases d’avancées communes ». « Nous ferons tout pour trouver des compromis qui pourront satisfaire tout le monde », a affirmé le maître du Kremlin, assurant que ni lui ni M. Macron ne veulent d’une guerre Russie-OTAN qui « n’aurait pas de vainqueur ». Il n’a, en revanche, dit mot de ses projets concernant les soldats russes campant toujours aux frontières de l’Ukraine. M. Poutine a de nouveau dénoncé le refus occidental de lui céder sur la fin de la politique d’élargissement de l’OTAN et le retrait de ses moyens militaires d’Europe de l’Est.
Une nouvelle fois, il a accusé l’Ukraine d’être seule responsable de l’impasse dans laquelle se trouvent les pourparlers de paix dans le conflit opposant Kiev à des séparatistes prorusses, parrainés par Moscou malgré les dénégations du Kremlin. Il s’est permis une boutade à l’adresse du président ukrainien, qui s’est montré critique à l’égard d’éléments du plan de paix négocié en 2015 entre Kiev et Moscou grâce à une médiation franco-allemande. « Que ça te plaise ou non, ma jolie, faudra supporter », a lâché M. Poutine.
selon le monde fr.