La rue est submergée par tous ces visages aux embués de souvenirs lointains. Par tous ces gens blasés qui vadrouillent, trainant avec eux les résidus du passé. Comme si une tempête virulente avait soufflé et emporté avec elle leurs passions et leurs envies, les laissant évanouis dans l’inconnu. Aujourd’hui, Annaba ne connait plus les siens. Annaba avait pourtant son élite culturelle, ses artistes, ses musiciens, ses poètes, ses artisans et ses amoureux. Elle était habitée par des âmes qui chantaient et dansaient en parfaite harmonie sous un ciel éclatant. Mais le temps s’est soudain arrêté. Et la ville s’est peu à peu effritée par la laideur et la saleté. Annaba a cessé d’être ce qu’elle a toujours été ‘’la coquette’’, la ville des orangers et des jujubes. Elle a perdu ses repères, son éclat, son charme et l’âme qui l’habitait. Annaba n’a plus le visage qu’elle avait. Elle est devenue une ville morte décolorée, qui n’inspire que nostalgie et regret.
Sara Boueche