Le président Tebboune à l’épreuve de toutes les urgences

Le président Tebboune, comme nous l’annoncions dans notre édition de jeudi, dans la foulée de son message de remerciements au président allemand, est bien rentré vendredi dernier en Algérie, via l’aéroport militaire de Boufarik, où l’ensemble des hauts responsables de l’Etat était à l’accueil.

Finis donc les ennuis de santé pour le président Tebboune ? Nous le lui souhaitons, mais nous le souhaitons aussi et surtout pour le pays qui a besoin d’un chef dans toute la plénitude de ses forces et de ses moyens physiques et cognitifs pour remettre en ordre de marche les institutions qui sont quasiment et depuis belle lurette en mode « mute » sur fond de rumeurs dont il est difficile de distinguer le vrai du faux. « Quand les feuilles bougent, c’est qu’il y a du vent », dit l’adage chinois.

Le nombre de chantiers qui attendent le président Tebboune n’a d’égal que leur ampleur, leur complexité, compte tenu d’un contexte marqué par une  concomitance, probablement sans pareil dans l’histoire,  de problématiques sanitaires, économiques, sociales, politiques, géostratégiques…

Par quel bout doit commencer le président Tebboune ? Par changer sans baragouiner, l’équipe gouvernementale qui est devenue elle-même le symbole d’une crise en soi.

Le président Tebboune est bien conscient  de la faillite d’un gouvernement qui s’est distingué moins par ses performances que par  les frasques  de ses ministres , leurs bouderies et surtout leur cacophonie, offrant l’image d’une ingérable pétaudière.

Est-ce que le président Tebboune attendra la présentation de  déclaration de politique générale devant le parlement, pour sacrifier  l’obligation de légalisme ? Dans ce cas le plus tôt serait le mieux pour ouvrir la voie à la nomination d’une nouvelle équipe commando pour partir à l’assaut des grands défis

Exit un casting XXL avec la quarantaine de ministres, comme c’est le cas actuellement. C’est une équipe resserrée autour d’hommes de vision, de compétence, de conviction et de courage que le président Tebboune doit choisir, loin des traditionnels  parrainages foireux  et occultes pour lancer le deuxième étage de sa fusée

Plus d’un an est déjà passé depuis l’élection de décembre 2019 et en terme de bilan, force est de le souligner objectivement que la récolte est plutôt  très maigre. Certes la crise sanitaire a bon dos pour justifier les retards, les ratages, mais le temps sera désormais compté et toute  journée de perdue, c’est une chance  de gâchée pour réparer le pays.

A priori, l’agenda politique sera en tête des priorités avec la tenue des législatives anticipées, dès lors que la nouvelle loi électorale est en phase de finalisation au niveau de la commission Laraba qui ne devrait pas tarder à remettre sa copie finale au président Tebboune.

Mais à l’heure qu’il est, ces législatives (malgré l’engagement du président à les tenir), sont loin de faire l’unanimité au sein de la classe politique et parmi les observateurs indépendants qui défendent le principe de « donner du temps le temps ».

Aller aux législatives dans les conditions actuelles de « dissensus » politique, c’est prendre le risque d’une nouvelle claque politique, comme c’était le cas lors du référendum constitutionnel avec un taux de participation historiquement bas.

Au contraire, le président Tebboune devrait temporiser (et de toutes les façons, il n’a pas encore fixé de date) pour œuvrer à la construction d’un consensus politique le plus large possible pour une large adhésion au processus électoral qui permettrait une dynamique de remobilisation populaire autour des grands enjeux qui se posent au payas

Un de ces chantiers, le plus urgent en termes calendaires, le plus gigantesque, à l’aune des défis, c’est l’économie. Politiques et économistes convergent sur le constat.

L’économie du pays est exsangue, la plupart des indicateurs sont au rouge. D’où l’urgence  du passage des slogans incantatoires aux actes pragmatiques à travers la mise en place de ce fameux  « nouveau paradigme » économique qui trace le chemin à la sortie progressive de l’économie de rente.

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