Le très ancien marché aux épices « Souk Errahba », du centre-ville de Batna devient, chaque mois de Ramadhan, une destination privilégiée pour les mères de familles en quête de condiments indispensables pour assaisonner les mets de la meïda du f’tour.
Les femmes qui fréquentent ce lieu, devenu avec le temps un pan de la mémoire de la capitale des Aurès, y trouvent tout ce qu’elles désirent comme épices et condiments savamment étalés pour attirer l’attention des visiteurs.
Outre les incontournables graines de coriandre, le carvi, poivre noir et blanc, ras El hanout (un mélange de plusieurs épices) et le Frik (grains de blé concassés) essentiel pour la chorba, les clientes demandent également les ingrédients nécessaires à la confection des plats sucrés notamment les fruits secs comme les raisins, les abricots et les pruneaux, confie à l’APS, Walid Aïssa, commerçant au marché d’Errahba.
Selon Aïssa qui a hérité ce métier de son père et de son grand-père, la dynamique du mois de Ramadhan installe « une ambiance particulière » à Souk Errahba où les commerçants entament les préparatifs plusieurs semaines à l’avance en choisissant avec soin leurs marchandises.
De nombreuses femmes rencontrées par l’APS au niveau de Souk Errahba, déambulant entre ses échoppes exiguës, affirment que ce lieu est un marché aux épices par excellence dont la fréquentation s’intensifie particulièrement durant le mois de Ramadhan.
« Bien que le commerce des épices se soit développé au cours des dernières années à travers la ville avec l’apparition de multiples commerces spécialisés, le vieux souk Errahba conserve sa position, son aura et ses fidèles clients et clientes », assure dans ce contexte, Fatima Beghiani qui confie faire partie avec ses filles des « fidèles clientes du marché Errahba ».
« Ma relation avec les marchands d’Errahba est bâtie sur la confiance et auprès d’eux je trouve tout ce que je souhaite en plus de la qualité qui donne à mes plats un goût succulent », a ajouté cette dame qui ne s’imagine pas acheter ses épices ailleurs.
Outre les épices traditionnelles et les mélanges spéciaux préparés par les vendeurs d’Errahba qui cumulent plusieurs années d’expérience, « la mère de famille trouve aussi de nouvelles épices sur le marché local à l’instar du +cari et sumac+, utilisées pour assaisonner les viandes en plus de conseils d’utilisation prodiguées par le vendeur », souligne de son côté Zineb A.
Dans ce même contexte, Amar Sersar, vendeur à Souk Errahba depuis près de 40 ans, relève que « les marchandises étalées à Errahba ont évolué sensiblement ces dernières années et attirent même des clients des wilayas avoisinantes par leur qualité excellente, avant et pendant le Ramadhan ».
Selon Amar dont l’échoppe se trouve en plein centre d’Errahba, ce marché était durant les années 1940 une grande place à ciel ouvert dédiée au troc et à la vente des produits artisanaux, notamment le miel, d’hane (beurre salé), les dattes et les fèves sèches.
« L’histoire de Souk Errahba se confond avec celle de l’antique Batna dont elle a fini par en constituer un des emblèmes, ce qui a accru l’attachement des habitants de la capitale des Aurès pour ce lieu particulier », ajoute Amar Sersar.
Situé au centre-ville de Batna, derrière le théâtre régional Dr. Salah Lombarkia à l’endroit appelé localement « El Fouala », Souk Errahba connait une grande dynamique toute l’année qui s’accroit toutefois durant les fêtes et les occasions.