Le président Bouteflika inhumé au carré des martyrs du cimetière d’El Alia

Abdelaziz Bouteflika, ancien président de la République décédé vendredi à l’âge de 84 ans, a été inhumé hier dimanche après-midi au Carré des Martyrs du cimetière El-Alia (Alger), en présence du président de la République, Abdelmadjid Tebboune.

Le président du Conseil de la Nation, Salah Goudjil, le président de l’Assemblée populaire nationale (APN), Ibrahim Boughali, le président du Conseil constitutionnel Kamel Fenniche, le Premier ministre, ministre des Finance Aïmene Benabderrahmane, le Général de Corps d’Armée, Saïd Chanegriha, ainsi que de hauts responsables de l’Etat, des membres du gouvernement, les représentants du corps diplomatique accrédité en Algérie et des membres de la famille du défunt ont également assisté aux funérailles.

Le ministre des Moudjahidine et des Ayants droit, Laïd Rebiga, a prononcé une oraison funèbre avant que la dépouille d’Abdelaziz Bouteflika ne soit inhumée.Le président Tebboune a déposé une gerbe de fleurs sur la tombe d’Abdelaziz Bouteflika.

Des salves ont été tirées par un détachement de la Garde républicaine en hommage au défunt.Le président Tebboune a décidé de la mise en berne de l’emblème national à travers le territoire national, pendant trois jours.

Vendredi soir, la présidence de la République a annoncé le décès de cet ancien chef de l’Etat qui a présidé aux destinées de l’Algérie pendant 20 ans.

Le défunt Bouteflika, né le 2 mars 1937, avait succédé en 1999 à Liamine Zeroual. Il a été réélu trois fois: en 2004, 2009 et 2014, soit une année après un accident vasculaire cérébral (AVC) qui l’avait affaibli physiquement. Il a démissionné en avril 2019 suite à un mouvement populaire contre sa candidature à un 5ème mandat et appelant à un renouveau dans le pays.

Dès son accession à la présidence de la République en 1999, Bouteflika œuvre pour le rétablissement de la paix et la stabilité dans le pays. Il engage le processus de concorde civile, consacré, le 16 septembre 1999, par un référendum qui recueille plus de 98% de suffrages favorables.

Il fut à l’origine d’une politique dite de « réconciliation nationale » qui a conduit, en septembre 2005, et conformément à sa promesse électorale, à l’adoption par un référendum populaire, d’une charte de réconciliation nationale, plébiscitée par 80% des Algériens.

Pendant la guerre de libération nationale, il avait rejoint les rangs de l’Armée de libération nationale (ALN) en 1956 pour assumer, pendant deux ans, la mission de contrôleur général de la wilaya V (1957 et 1958). En 1960, officier de l’ALN, il est affecté aux frontières sud du pays pour commander le « front du Mali » dont la création entrait dans le cadre des mesures visant à faire échec à l`entreprise de division du pays de la part de la puissance coloniale et à organiser l’acheminement des armes pour le compte des maquis de l’ALN à partir du sud, ce qui lui vaudra le nom de guerre de « Si Abdelkader El Mali ».

En 1962, il est député à l`Assemblée constituante et à 25 ans, il devient ministre de la Jeunesse, des Sports et du tourisme du premier gouvernement de l`Algérie indépendante. Il est nommé, la même année, ministre des Affaires étrangères.

Reconduit dans les fonctions de ministre des Affaires étrangères, il anime jusqu’en 1979, l’action diplomatique de l’Algérie, sous la houlette de l’ancien président feu Houari Boumediene qui avait initié la politique de défense des pays du Tiers monde et le parachèvement des mouvements de libération. 

Diplomate chevronné et reconnu, Bouteflika impulsera, pendant plus d’une décennie, la politique étrangère qui donnera à l’Algérie une notoriété au niveau international.

Elu à l’unanimité président de la 29ème session de l`Assemblée générale des Nations Unies en 1974, Bouteflika obtient la mise au ban, par la communauté internationale, du régime sud-africain pour sa politique de l`apartheid et fait admettre, malgré les oppositions, le leader de l`Organisation de libération de la Palestine, feu Yasser Arafat, qui prononcera un discours devant l`Assemblée générale.

A la mort du président Houari Boumediene, en 1978, il est contraint à un exil. De retour en Algérie en janvier 1987, il sera signataire de la « motion des 18 » consécutive aux événements d’octobre 1988.

En décembre 1998, il fait part de sa décision de se présenter, en tant que candidat indépendant à l`élection présidentielle anticipée d`avril 1999. Il est élu président de la République le 15 avril 1999.

 

 

 

 

 

 

Avant les funérailles, le cortège funèbre s’était ébranlé ce dimanche, juste après la prière de Dohr, de la résidence de Zeralda, son lieu d’habitation en direction du cimetière d’El Alia, en empruntant la rocade sud avant de passer par le tunnel de Oued Ouchayeh pour déboucher sur l’avenue de l’ALN, direction sa dernière demeure.

Contrairement à ce qui a été annoncé jeudi sur les réseaux sociaux, la dépouille de Abdélaziz Bouteflika n’a pas été exposée au Palais du peuple pour un dernier hommage des citoyens, contrairement aux autres présidents qui ont droit à ce privilège protocolaire.

Le cercueil du président défunt, posé sur un catafalque recouvert de l’emblème national et entouré de soldats de la garde républicaine, est posé sur un char fleuri, lui-même encadré par des motards, suivi juste derrière par le cortège officiel, alors que tout au long du parcours des gendarmes et des policiers en jalonnement lui rendent les honneurs.

Des obsèques sous un dispositif sécuritaire très visible. L’enterrement du président Bouteflika s’est déroulé, en effet, loin des caméras et du grand public dont des centaines de personnes, venues de plusieurs régions du pays, empêchées d’accéder au cimetière.

Des représentants de la Zaouia Belkaidiya, dont le président Bouteflika était proche, n’ont pu non plus approcher le cercueil, contraints de se recueillir, en dehors du cimetière, en psalmodiant des versets du Coran et  en entonnant des chants religieux à la mémoire du défunt président qui, désormais, est entre les mains de Son Créateur.

« A Dieu nous appartenons, à Lui nous retournons »

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