Faute d’écran, d’argent ou d’électricité, la déscolarisation accélère au Liban

Dans un petit camp de réfugiés niché dans la Bekaa, dans l’est du Liban, Mohamad et ses trois soeurs craignent de perdre une nouvelle année scolaire après presque deux années manquées, faute de pouvoir suivre les cours sur internet.

Comme eux, des dizaines de milliers d’enfants syriens mais aussi libanais ont été contraints d’abandonner l’école depuis le début de la pandémie de coronavirus, dans un Liban en plein effondrement économique dont les infrastructures vétustes sont peu propices à l’enseignement à distance.

Regardez mon téléphone, comment voulez-vous que mon fils étudie dessus? L’écran est fissuré (…) et je n’ai pas internet », déplore Abdel Nasser, père de Mohamad, assis en tailleur dans un modeste « diwan » –salon traditionnel avec coussins au sol– aménagé dans sa tente.

« Nous n’avons pas les moyens d’acheter un téléphone à chacun, il faut d’abord que l’on nourrisse nos enfants », renchérit sa femme Chamaa.

A 11 ans, Mohamad ne sait « même pas multiplier 1 par 1 », se désole son père, réfugié à Terbol (est) avec sa famille depuis 2012. Le garçon a commencé l’école en 2019, avec sept ans de retard, mais les cours ont été interrompus à cause des restrictions anticoronavirus.

Ses soeurs Amal, Hind et Sarah –âgées de 12 à 14 ans– ont suivi pendant quatre ans les cours dispensés l’après-midi aux jeunes syriens dans les écoles publiques libanaises fermées depuis mars 2020.

Un arrêt abrupt aux lourdes conséquences.

« J’étais heureuse avant », lâche Amal, sanglotant. « J’étudiais l’arabe, l’anglais, les sciences, la géographie ». « Je pleure parce que (…) mes parents ne peuvent pas m’assurer l’école sur internet », ajoute-t-elle.

– « Catastrophe » –

Avec une grande affiche présentant l’alphabet arabe, sa mère tente tant bien que mal de limiter les dégâts. Elle accompagne notamment Mohamad dans le déchiffrage des 28 lettres et des mots correspondants.

Mais la famille craint que les écoles ne rouvrent pas à l’automne car plusieurs centaines de personnes sont toujours contaminées chaque jour au Liban par le Covid-19.

Selon l’ONG Save the Children, plus de 1,2 million d’enfants y ont été déscolarisés depuis le début de la pandémie. Elle a mis en garde début avril contre une « catastrophe » éducative.

(SELON MSN)

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