La célébration du nouvel an amazigh chez les habitants de la région de Bousemghoune dans la wilaya d’El-Bayadh est une occasion pour renforcer les valeurs de solidarité, d’entraide et de préservation du patrimoine amazigh authentique marquant en profondeur l’histoire de cette région.
Les habitants de la région de Bousemghoune, célèbre pour son ancien ksar connu sous le nom de « El-Assâad » où se trouve le lieu où s’isolait le fondateur de la tariqa Tidjania, Sidi Ahmed Tidjani, ainsi que son oasis captivante, tiennent à préserver leurs coutumes et leur patrimoine pour les transmettre aux générations montantes. Les différentes occasions populaires, à l’instar de Yennayer, constituent une occasion pour célébrer les us, les coutumes et le patrimoine de la région.
Le chercheur sur le patrimoine amazigh local et l’histoire des ksour, également secrétaire général de l’Association nationale pour le développement du tourisme des ksour et des oasis, Ghrissi Belhadji, estime que l’occasion de Yennayer a sa symbolique et son importance pour les habitants de cette région, aussi bien au travers le regroupement des familles autour d’une même table, généralement ornée d’un plat de couscous local connu sous le nom de « Outchou Azouar », que la visite des parents et des proches, au travers des dons de victuailles aux familles pauvres et démunies.
Ce plat est composé des différentes légumineuses, de légumes frais cueillis de l’oasis et des jardins de la cité, auxquels les ménagères ajoutent des dattes et du lait dans le bouillon du couscous, symbolisant la clarté et la blancheur. Cette tradition a sa propre symbolique, laquelle exprime l’optimisme pour une nouvelle année bonne, heureuse et fertile, précise le même interlocuteur.
Mazouzi Zoubida, spécialiste dans l’art culinaire traditionnel local, a souligné que Yennayer est une occasion propice pour la préservation du patrimoine et des coutumes ancestrales incrustées dans cette région. Elle a ajouté que parmi les plats caractérisant cette célébration, en plus du couscous local, il y a le plat de « Cherchem », connu sous l’appellation « Mellah dimizid » qu’on retrouve sur toutes les tables des habitants de Bousemghoune à cette occasion. Ce plat est composé de pois chiches, de fèves sèches et de blé, ainsi que le « m’khalat » qui comprend différents types de fruits secs et autres friandises.
Quant aux enfants, une ou deux semaines avant la célébration de Yennayer, entreprennent de creuser des trous appelés « trous de Yennayer », ou « Tegnounent nennayer » en tamazight, au niveau de l’oasis de Bousemghoune, et prennent, le jour de l’an amazigh, leur petit déjeuner à l’intérieur de ces trous. Cette tradition a été initiée depuis la nuit des temps pour apprendre aux enfants le sens des responsabilités.
D’autre part, le jeu « Tachouret » est l’un des jeux traditionnels pratiqués à cette occasion dans cette oasis, lors de laquelle deux équipes s’affrontent à l’intérieur d’un terrain rectangulaire, dans lequel les joueurs, vêtus traditionnellement, en l’occurrence de la Djellaba locale, poussant un ballon fait de peau de chameau à l’aide d’un long bâton confectionné à l’aide de branches de palmier.
La célébration du nouvel an amazigh « Yennayer » est également une occasion pour se remémorer l’histoire des ancêtres et raconter d’anciennes histoires héritées, appelées « M’hadjia » ou « Tinofass », narrées par des personnes âgées aux enfants regroupés au tour du « M’khalat », dans une ambiance de convivialité, de fraternité et d’allégresse.