ALGER : Patrimoine subaquatique Un aspect supplémentaire venu enrichir la valeur universelle du site de Tipasa

Le site archéologique de la ville antique de Tipasa, classé au patrimoine mondial de l’humanité par l’Unesco en 1982 se révèle être également un riche bassin archéologique subaquatique, un aspect qui vient enrichir la valeur universelle exceptionnelle de ce bien culturel et qui implique de nouvelles mesures urgentes de préservation, et une nouvelle approche de l’archéologie.

Dans un entretien à l’APS, le professeur Toufik Hamoum, Président du Conseil consultatif scientifique et technique de la Convention Unesco de 2001 sur la protection du patrimoine mondial subaquatique, a indiqué que l’Algérie, « Etat partie », avait « introduit cette dimension subaquatique dans son rapport périodique sur l’état de conservation du bien (2020) ». Il stipule clairement « l’intention d’élargir la zone tampon au domaine maritime, conformément à la décision du centre du patrimoine mondial ».

Cet expert du patrimoine culturel auprès du Centre du patrimoine mondial de l’Unesco et de l’Icesco, explique qu’un « projet de reconnaissance des ressources archéologiques subaquatiques est en cours de montage », mené par le Centre national de recherche en archéologie (Cnra) et l’Office de gestion et d’exploitation des biens culturels (Ogebc) dans le cadre de conventions de coopération avec l’Université d’Aix Marseille, la Maison Méditerranéenne des Sciences de l’Homme, et le Ministère de la Culture et des Arts.

Pour ce seul site côtier algérien inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco, Toufik Hamoum rappelle avoir mené en 2019, alors qu’il dirigeait le Cnra, une mission d’évaluation du potentiel archéologique subaquatique (investigation archéologique et géo radar à multifaisceaux) dans la zone des deux ilots, endroit soupçonné d’abriter des structures portuaires antiques de la cité.

Cependant il relève que l’existence d’un port maritime au IV siècle est déjà « attestée par une source antique qui relate l’histoire de la passion de la jeune martyre tipasienne Ste Salsa ». D’autre textes et sources historiques (El Bakri 12e, Marmol Carvajal au 16e, et Thomas Show au 18e), parlent d’autres endroits d’accostages mobiles, ce qui fait, selon l’universitaire, de toutes la baie du Chenoua « une zone potentiel patrimonial subaquatique en activité depuis la haute antiquité ».

L’expert précise cependant que « les investigations de terrain et la documentation systématiques et sérieuses, « font encore défaut, à l’exception de quelques tentatives limitées ».

Interrogé sur le potentiel archéologique de la côte de Cherchell, capitale royale de Juba II, roi de Maurétanie Césarienne, Toufik Hamoum affirme que la zone possède « un patrimoine subaquatique attesté, mais moins valorisé ».

A ce propos, il appelle à réaliser « une étude d’impact urgente » afin que l’important projet du grand port d’El Hamdania, qu’il juge « essentiel pour le développement économique », ne se fasse pas au détriment d’un patrimoine qui peut être sauvé en amont.

Une mission de prospection archéologique sur toute la zone terrestre de l’emprise du port et de documentation du site subaquatique identifié, avait été menée par le Cnra en 2018 avec une équipe d’archéologues spécialisés, rappelle-t-il, en précisant que des recommandations ont été formulées et transmises aux services concernés pour prise de décisions et de mesures de sauvegarde et de préservation.

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