ALGER- Le deuxième programme national de dessalement de l’eau de mer, décidé par le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, pour la réalisation, dans un premier temps, de trois grandes stations, participe d’une nouvelle vision prospective et intégrée traduisant la détermination de l’Etat à garantir la sécurité hydrique et le développement durable dans le pays, ont indiqué à l’APS des économistes.
L’analyse du communiqué de la réunion du Conseil des ministres, tenue dimanche, met en évidence la vision technique intégrée en matière de développement établie par le président de la République comme socle aux bénéfices multidimensionnels pour le lancement de ce programme ambitieux, qui vise à rehausser le niveau et la qualité des réalisations, en tenant compte de critères et d’axes éminemment importants, suivant une approche prospective rigoureuse.
En effet, le dernier Conseil des ministres, présidé par le président de la République, avait approuvé la localisation de trois stations de dessalement de l’eau de mer dans les wilayas de Chlef, de Mostaganem et de Tlemcen, renvoyant la localisation des trois stations restantes aux prochaines réunions du Conseil des ministres, tout en insistant sur l’élaboration d’études scientifiques prospectives précises pour épargner à l’Etat les risques de catastrophes environnementales, ainsi que sur l’impératif de mesures immédiates pour réparer toutes les fuites d’eau.
A ce propos, l’économiste Ishak Kherchi a affirmé que la décision de réaliser de nouvelles stations traduit une vision globale visant à assurer une répartition équitable de l’eau entre les différentes régions du pays, tout en réduisant la pression sur les ressources hydriques traditionnelles,
notamment celles qui dépendent des précipitations et des eaux souterraines, et qui connaissent un recul en raison du changement climatique enregistré à l’échelle mondiale.
Outre leur rôle dans le renforcement de la résilience du système hydrique national, ces projets transformeront les ressources en eau en un « levier pour la souveraineté, la stabilité future et la sécurité hydrique, et un vecteur essentiel du développement durable du pays », a estimé M. Kherchi.
Il est clair que le choix de ces trois wilayas (Chlef, Mostaganem et Tlemcen) a été mûrement réfléchi et répond à des critères précis, a-t-il dit, expliquant que ces régions souffrent d’une baisse sensible des taux de précipitations annuelles, conjuguée à une demande croissante en eau due à la densité de la population et à l’expansion des activités économiques, ce qui en fait des points focaux pour sécuriser l’approvisionnement en eau et alléger la pression sur les autres réseaux.
Selon cet expert, le nouveau programme ouvrira la voie au développement d’industries connexes dans les domaines de la maintenance, des technologies environnementales et énergétiques durables, de même qu’il encouragera les start-up et les petites et moyennes entreprises à investir dans les services liés au dessalement de l’eau de mer et à la gestion des réseaux, ce qui a vocation à créer une dynamique économique locale.
Un nouveau pas vers la bonne gouvernance de l’eau
L’économiste a, en outre, estimé que l’approfondissement des études prospectives, préconisé par le président de la République, représente « une transition qualitative d’une réaction post-crise à une politique proactive et souveraine, permettant d’établir plusieurs scénarios pour maîtriser les risques futurs ».
Cette approche scientifique dans la planification hydrique reflète, a-t-il poursuivi, la volonté de l’Etat de mettre en place un système capable de faire face aux défis climatiques, en s’appuyant sur des outils permettant de garantir la stabilité de l’approvisionnement en eau à long terme.
Pour l’économiste Abdelkader Slimani, le traitement de la problématique des fuites d’eau exige d’adopter un plan national pertinent, basé sur un véritable partenariat entre l’Algérienne des eaux (ADE) et l’administration locale, associant les start-up pour développer des technologies modernes et intelligentes de détection précoce des fuites et de contrôle des réseaux en temps réel, afin de garantir une intervention rapide et efficace et d’éviter le gaspillage des ressources.
M. Slimani a affirmé que « l’Algérie a franchi des pas très importants en matière de sécurité hydrique », soulignant l’importance d’approfondir les études prospectives, « en tant que démarche nécessaire pour identifier la nature des crises et des perturbations de la distribution de l’eau et
assurer, ainsi, une planification minutieuse qui permet une distribution intelligente et équitable à travers les différentes régions ».
Ce nouveau programme de réalisation de six stations de dessalement de l’eau de mer intervient après la finalisation du premier programme, qui a permis de réaliser cinq grandes stations mises en service durant l’année en cours dans les wilayas d’El Tarf (Koudiet Eddraouche), de Boumerdès (Cap Djinet), de Tipasa (Fouka), d’Oran (Cap Blanc) et de Bejaïa (Tighremt-Toudja), d’une capacité de production de 300.000 m3/jour chacune, portant ainsi à 19 le nombre total de stations de dessalement en activité dans le pays.
Après leur mise en service, les six nouvelles stations programmées permettront d’assurer 1,8 million m3 supplémentaire d’eau par jour. Ainsi, plus de 60% de l’eau potable consommée en Algérie proviendra du dessalement.
SELON APS