La découverte avait bouleversé le pays. Les restes de 215 enfants autochtones sur le site d’un ancien pensionnat en Colombie-Britannique, scolarisés dans cet établissement actif entre 1890 et 1969, ont été retrouvés jeudi après une enquête dédiée. Le Premier ministre canadien, Justin Trudeau, a depuis promis des «actions concrètes». «L’héritage tragique des pensionnats est encore présent aujourd’hui et notre gouvernement va continuer d’être là pour soutenir, avec des actions concrètes, les survivants, leurs familles et leurs communautés partout au pays», a-t-il déclaré, sans préciser quelles pourraient être les prochaines mesures.
Lancer de nouvelles recherches de restes humains sur d’autres sites de pensionnats, comme l’ont demandé des dirigeants autochtones, «est une partie importante de la découverte de la vérité», a reconnu Justin Trudeau lors de son premier point presse depuis la tragique découverte près de Kamloops, en Colombie-Britannique. «Je crois que nous allons en faire plus», a-t-il continué. «En tant que père, je ne peux pas imaginer ce que je ressentirais si on m’enlevait mes enfants. En tant que Premier ministre, je suis consterné par les politiques honteuses qui ont volé des enfants autochtones à leurs communautés.»
«L’échec épouvantable» d’Ottawa
En outre, Justin Trudeau a reconnu «l’échec épouvantable» d’Ottawa dans ses relations avec les communautés autochtones. «Il reste encore énormément à faire», a commenté le Premier ministre, qui a fait de la réconciliation avec les premiers peuples du Canada l’une de ses priorités depuis son arrivée au pouvoir en 2015. Trudeau doit faire le point sur ce dossier ce mardi dans l’après-midi avec plusieurs ministres, dont celle chargée des Relations avec les Autochtones, Carolyn Bennett. «Notre gouvernement continuera à coopérer avec ces communautés pour trouver des approches culturellement acceptables afin d’identifier ces enfants, de localiser les sites d’inhumation et honorer la mémoire de tous ceux qui sont morts ou ont disparu alors qu’ils fréquentaient ces établissements», a-t-elle déclaré devant le Sénat, selon la chaîne CBC. «Une fois qu’on connaît la vérité, on ne peut plus la dé-connaître», a-t-elle insisté.
Des chefs autochtones, dont Perry Bellegarde, leader de l’Assemblée des Premières Nations, ont également réclamé que des recherches soient menées sur les sites des anciens pensionnats, selon les médias locaux. Les communautés autochtones «méritent de connaître la vérité et d’avoir l’opportunité de guérir [la blessure] concernant la perte des enfants qui sont morts», a déclaré Perry Bellegarde dans un communiqué cité par le Globe and Mail. Dimanche, le pays a mis ses drapeaux officiels en berne tandis que des cérémonies en mémoire des jeunes victimes ont eu lieu dans plusieurs régions du pays. Au Québec, des participants ont déposé des chaussures d’enfants et des jouets sur le perron de l’église Saint-François-Xavier à Kahnawake, près de Montréal, en guise d’hommage.
«Génocide culturel»
Les restes ont été repérés par un expert à l’aide d’un géo-radar sur le site d’un ancien pensionnat près de Kamloops, qui avait été géré par l’Eglise catholique. Ce type d’établissements, créé à la fin du XIXe siècle et qui a existé jusque dans les années 90, avait pour but de retirer les enfants autochtones à leurs communautés pour les assimiler à la culture dominante. «Il ne fait aucun doute qu’ils vont en trouver d’autres en d’autres endroits», a estimé Eddy Charlie, ancien élève d’un pensionnat de Kuper Island, près de Vancouver, sur la chaîne CTV. «Il faut juste qu’ils sachent où chercher.» Quelque 150 000 enfants amérindiens, métis et inuits ont été enrôlés de force dans 139 pensionnats à travers le pays, où ils ont été coupés de leur famille, de leur langue et de leur culture. En 2015, une commission nationale d’enquête a qualifié ce système de «génocide culturel». Ottawa avait présenté des excuses formelles aux survivants de ces pensionnats autochtones en 2008, dans le cadre d’un accord de 1,9 milliard de dollars canadiens (1,3 milliard d’euros).
(SELON MSN)