Guerre de libération : Le rapport Stora minimise l’ampleur des crimes de la France

– Le rapport de Benjamin Stora « minimise complètement l’ampleur des crimes » commis tant pendant la période coloniale que lors de la Guerre de Libération de l’Algérie, a soutenu Henri Pouillot, ancien combattant, militant antiraciste et anticolonialiste, relevant que « certains crimes sont évoqués comme de simples exactions ».

Dans une contribution parue dans le journal français en ligne Médiapart, M. Pouillot a relevé que ce rapport évoquait, certes, « la violence » lors de la conquête de l’Algérie et durant les années du XIXème siècle, mais « semble beaucoup minimiser les enfumades, les répressions, les exécutions sommaires qui se sont poursuivies, féroces, à chaque contestation des effets de la barbarie du colonialisme ».

L’historien Benjamin Stora a remis un rapport portant sur la colonisation et la guerre de libération nationale au président français.

  1. Pouillot a rappelé qu’il avait été affecté à la Villa Sésini à Alger –(une bâtisse construite par le notaire Me Sésini Alexandre. Elle fut transformée en centre de détention et de torture durant la Guerre de libération nationale)–, comme militaire, appelé du contingent (sursitaire). « C’est là que je découvre ce qu’est encore la réalité du colonialisme, ce hiatus entre les populations pieds-noirs et les autochtones, ces arabo-musulmans qu’on appelait alors généralement bougnoules, ratons, crouilles, bicots… qu’il était ‘naturel’ de tutoyer, non parce que c’étaient des amis, mais parce que l’usage voulait que ce soit ainsi avec cet aspect méprisant, supérieur, que l’on s’adresse à eux, comme on peut le faire pour son chien de compagnie à qui l’on adresse des ordres », a-t-il dit.

« Il n’est pas évoqué cette discrimination terrible des deux collèges où les voix des ‘indigènes’ comptaient dix fois moins que celle des pieds noirs et des convertis au catholicisme. Certes, dans les grandes villes (Oran, Alger, Constantine…), les indigènes pouvaient moins difficilement avoir accès à l’enseignement public, mais dans les campagnes, à quelques exceptions près, seuls les pieds noirs pouvaient aller à l’école », a-t-il relevé.

  1. Pouillot a ajouté que « c’est principalement pendant la Guerre de Libération de l’Algérie, que les manques sont criants », relevant que « certains crimes sont évoqués comme de simples exactions ».

« Parmi les crimes oubliés, les plus criants sont : les viols, les crevettes Bigeard, les exécutions sommaires (correspondant aux nombreux disparus évoqués), l’utilisation du gaz Vx et Sarin, les villages rasés au Napalm (entre 600 et 800 !!!) (2), les camps d’internement, pudiquement appelés camps de regroupement (Le rapport Rocard, réalisé avant la fin de la Guerre, qui minimise cet aspect, évalue cependant aux alentours de 200.000 morts) … « , a-t-il rappelé.

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