Algérie – Chine : Quelles perspectives pour un partenariat stratégique en plein essor ?

 

À l’invitation de Zhao Pingsheng, chargé d’affaires de l’ambassade de Chine en Algérie, une rencontre s’est tenue dimanche soir au siège de l’ambassade à Alger avec un cercle restreint de journalistes et d’experts économiques algériens. L’échange, centré sur des questions d’intérêt commun entre Alger et Pékin, a porté sur trois axes majeurs, à savoir le 4ᵉ plénum du 20ᵉ Comité central du Parti communiste chinois (PCC), la résolution 2756 de l’Assemblée générale des Nations Unies et la coopération sino-africaine.

Cette réunion, marquée par un dialogue franc et constructif, a permis d’examiner les perspectives de coopération bilatérale et les enjeux régionaux et internationaux qui lient l’Algérie et la Chine. Elle s’est tenue en présence du Dr Mohamed Achir, enseignant-chercheur en économie à l’Université de Tizi Ouzou, du Pr Brahim Guendouzi, économiste et spécialiste du commerce extérieur à l’Université de Tizi Ouzou, ainsi que de Slimane Nacer, expert en finance islamique et professeur d’économie à l’Université Kasdi Merbah de Ouargla.

Le 4e plénum du PCC : un nouveau cap pour le développement chinois

Dans son allocution, Zhao Pingsheng est revenu sur les grandes lignes du 4ᵉ plénum du 20ᵉ Comité central du PCC, tenu du 20 au 23 octobre derniers à Beijing. Les participants y ont adopté les propositions du Comité central relatives à l’élaboration du XVe Plan quinquennal de développement économique et social.

Le diplomate a souligné que la Chine avait parcouru un chemin « extraordinaire, pour ne pas dire exceptionnel » au cours du précédent plan quinquennal. La production économique du pays a successivement franchi les seuils de 110 000, 120 000 et 130 000 milliards de yuans, et devrait atteindre environ 140 000 milliards de yuans d’ici la fin de 2025.

Sur le plan technologique, la Chine occupe désormais la 10e place mondiale en matière d’innovation, confirmant sa montée en puissance économique et scientifique. Le PIB par habitant a dépassé les 13 000 dollars américains pour la deuxième année consécutive, un chiffre qui illustre la progression constante du niveau de vie.

Pour le diplomate chinois, ces résultats témoignent d’une ascension remarquable de la puissance économique et technologique chinoise, portée par une vision stratégique à long terme et une modernisation accélérée des structures industrielles.

Une amitié sino-algérienne fondée sur la confiance et la réciprocité

Le chargé d’affaires a tenu à rappeler la solidité du partenariat sino-algérien, qu’il a qualifié d’« amitié sincère » et de coopération naturelle dans la quête du développement commun et du renouveau national. Sur la base du respect mutuel et de l’égalité, la Chine et l’Algérie ont su construire un modèle exemplaire de relations entre États, marqué par un dialogue politique constant et une collaboration pragmatique dans plusieurs domaines.

Zhao Pingsheng a réaffirmé la volonté de Pékin d’associer en profondeur le XVe Plan quinquennal chinois à la stratégie de développement de l’Algérie. Il a souligné le rôle clé de l’initiative « Ceinture et Route », véritable plateforme d’intégration économique, pour dynamiser la coopération bilatérale.

Selon lui, les deux pays ont tout intérêt à faire progresser les projets dans les secteurs traditionnels tout en explorant les domaines émergents, afin d’améliorer la structure de la coopération économique et commerciale. L’objectif commun est clair : stimuler l’industrialisation et la diversification économique de l’Algérie, tout en élevant le partenariat stratégique global sino-algérien à un niveau supérieur.

La question de Taïwan : Pékin salue le rôle historique de l’Algérie à l’ONU

Le second axe abordé par Zhao Pingsheng lors de cette rencontre a porté sur la question de Taïwan, un sujet hautement symbolique pour la Chine, qui célèbre cette année le 80e anniversaire de la récupération de l’île.

Avant son allocution, les participants ont visionné une vidéo retraçant le rôle déterminant de l’Algérie à l’ONU lors de l’adoption de la résolution 2758, à travers le témoignage de Noureddine Djoudi, ancien ambassadeur d’Algérie aux Nations unies. Ce document historique réaffirme le principe d’une seule Chine, soutenu sans faille par Alger depuis plus d’un demi-siècle.

À cet effet, le chargé d’affaires de l’ambassade de Chine en Algérie a salué cette contribution majeure et a rappelé avec fermeté la position de Pékin : « Taïwan fait partie intégrante du territoire chinois. » Il a cité la Déclaration du Caire et la Proclamation de Potsdam, deux textes fondateurs du droit international d’après-guerre, qui stipulent clairement que tous les territoires chinois occupés illégalement par le Japon devaient être restitués à la Chine, y compris Taïwan et les îles Penghu.

Le diplomate chinois a souligné que la résolution 2758, adoptée le 25 octobre 1971 par une majorité écrasante de l’Assemblée générale des Nations Unies, l’initiative de l’Algérie et d’autres pays, a consacré le rétablissement de la République populaire de Chine dans tous ses droits légitimes. Ce texte, a-t-il insisté, réaffirme qu’il n’existe qu’une seule Chine dans le monde, représentée par la République populaire de Chine, et que Taïwan, en tant que partie intégrante du territoire chinois, ne peut être reconnue comme un État souverain ni envoyer de représentants aux Nations unies.

En rappelant ces faits, Zhao Pingsheng a voulu mettre en lumière la constance du soutien algérien à la souveraineté et à l’unité de la Chine, un engagement politique et diplomatique qui reste, selon lui, « gravé dans l’histoire des relations sino-algériennes ».

La coopération sino-africaine : un partenariat en expansion et tourné vers l’avenir

Le dernier point abordé par Zhao Pingsheng a concerné la coopération sino-africaine, pilier central de la diplomatie chinoise contemporaine. Le diplomate a rappelé que la Chine reste fidèle à ses principes fondateurs : sincérité, pragmatisme, amitié et franchise. Dans ses relations avec les pays africains, Pékin défend une approche fondée sur l’égalité, la confiance mutuelle et le bénéfice partagé, tout en soutenant le développement de l’Afrique à travers sa propre croissance.

Cette année, le Forum sur la coopération sino-africaine (FOCAC) célèbre son 25e anniversaire. En un quart de siècle, il s’est imposé comme la plateforme la plus complète et la plus efficace de coopération collective avec l’Afrique, couvrant les volets politiques, économiques, sociaux, culturels et sécuritaires. Le FOCAC s’articule autour de plusieurs mécanismes institutionnels, notamment les sommets des chefs d’État et de gouvernement ainsi que les réunions des hauts fonctionnaires.

Les résultats économiques parlent d’eux-mêmes. En 2024, le volume des échanges commerciaux sino-africains a atteint 295,6 milliards de dollars, confirmant la Chine comme premier partenaire commercial de l’Afrique pour la seizième année consécutive. Les exportations chinoises vers le continent, notamment les véhicules électriques, batteries au lithium et produits photovoltaïques, ont connu une croissance fulgurante, traduisant une évolution vers des secteurs d’avenir.

En juin dernier, le président Xi Jinping a annoncé une exemption tarifaire totale sur 100 % des lignes douanières pour 53 pays africains entretenant des relations diplomatiques avec la Chine. Cette mesure, selon Zhao, vise à optimiser la structure commerciale sino-africaine et à encourager une intégration économique plus équilibrée.

Depuis la création du FOCAC, la coopération infrastructurelle entre la Chine et l’Afrique a pris une ampleur historique. Ensemble, ils ont construit ou amélioré près de 100 000 kilomètres de routes, plus de 10 000 kilomètres de voies ferrées, environ 1 000 ponts et près de 100 ports à travers le continent. Depuis le sommet du FOCAC en 2024, la Chine a investi plus de 1,87 milliard de dollars et accordé plus de 21 milliards de dollars de financement supplémentaires à l’Afrique.

Zhao Pingsheng a également mis en avant la dimension verte de cette coopération, saluant les avancées conjointes en matière de développement durable. La Chine a déjà signé 21 mémorandums d’entente sur la lutte contre le changement climatique avec 17 pays africains dans le cadre de la coopération Sud-Sud, tandis que sept pays africains ont rejoint l’Alliance internationale pour le développement vert sous l’initiative La Ceinture et la Route.
Parallèlement, Pékin a lancé un fonds sino-africain pour les chaînes industrielles vertes, finançant sept projets d’un montant global de 880 millions de dollars.

Algérie – Chine : une coopération verte qui change la donne !

En Algérie, cette approche trouve des applications concrètes. Zhao Pingsheng a cité plusieurs exemples de coopération verte, illustrant la volonté des entreprises chinoises d’intégrer la protection environnementale dans leurs projets.

Lors de la construction de l’autoroute Nord-Sud, une entreprise chinoise a modifié le tracé initial afin de préserver le restaurant centenaire “Ruisseau des Singes” et l’habitat naturel des primates environnants. L’entreprise a choisi une option technique plus complexe, celle d’un tunnel plus long, mais respectueuse de l’écosystème local. En signe de gratitude, le propriétaire du restaurant a apposé une enseigne portant l’inscription « 欢迎光临 » (Bienvenue en chinois), symbole vivant de l’amitié algéro-chinoise.

Le diplomate a également évoqué la centrale photovoltaïque de Béchar, construite par la Chine, capable de produire 330 millions de kilowattheures d’électricité propre par an.
Ce projet permet de réduire les émissions de dioxyde de carbone de 280 000 tonnes par an, soit l’équivalent de la plantation de 770 000 arbres.

Pour Zhao Pingsheng, ces initiatives démontrent que la coopération sino-africaine, et en particulier sino-algérienne, entre dans une ère nouvelle, fondée sur l’innovation, la durabilité et la solidarité — une alliance tournée résolument vers l’avenir.

 

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