À Annaba, la tension monte dans le secteur du transport urbain. Les chauffeurs de taxi ont déclenché une grève pour protester contre la décision de la direction des transports de la wilaya d’autoriser le renforcement de la ligne Annaba–Draâ Errich par vingt nouveaux taxis. Une mesure qui, selon les autorités locales, répond aux doléances pressantes des habitants de la nouvelle-ville, confrontés depuis des mois à une pénurie chronique de moyens de transport.
La décision administrative s’appuie sur plusieurs rapports d’inspection établis sur le terrain, lesquels ont mis en évidence le manque criard de véhicules desservant cette ligne stratégique. Cependant, cette initiative a provoqué la colère des taxieurs déjà en activité, qui dénoncent une concurrence jugée déloyale et ont décidé d’interrompre leur service en signe de protestation.
De leur côté, les habitants de la circonscription ‘’Benaouda Benmostefa’’ ont salué la décision de la direction des transports, estimant qu’elle répond enfin à une demande longtemps ignorée. Ils ont toutefois exprimé leur exaspération face à l’attitude des chauffeurs grévistes, qu’ils accusent d’imposer leur loi, notamment en augmentant les tarifs aux heures de pointe et en refusant parfois les courses en fin de journée.
Face à l’ampleur de la crise, une réunion de coordination a récemment été organisée par le directeur des transports avec les représentants du secteur. À l’issue de cette rencontre, plusieurs mesures ont été arrêtées : le renforcement du plan de transport, l’ouverture de la ligne Annaba–Oued El Aneb en tant que ligne indépendante, et l’affectation de vingt taxis supplémentaires de sept places ou plus sur la ligne Annaba–Draâ Errich. Ce dispositif sera évalué chaque semaine afin d’en ajuster l’efficacité.
La direction des transports a également annoncé la création d’un plan de desserte urbaine comprenant cinquante taxis longue distance destinés à couvrir les différentes cités de la nouvelle-ville, ainsi que l’ouverture de nouvelles lignes vers El Bouni, Sidi Amar, El Hadjar et Berrahal. En parallèle, un contrôle rigoureux du service public sera assuré par les inspecteurs du département : tout exploitant absent à deux reprises par semaine sera remplacé.
Ces mesures, perçues comme une bouffée d’oxygène par les habitants de Draâ Errich, suscitent en revanche l’ire des professionnels du secteur. Entre la nécessité de garantir le droit au transport pour tous et la défense des intérêts économiques des taxieurs, Annaba se trouve aujourd’hui au cœur d’une équation sociale délicate que les autorités devront résoudre avec tact et fermeté.
Sara Boueche
