Retraités algériens : Revalorisation de pensions retardée, frais bancaires flous et revendications pressantes

 

En Algérie, pour les retraités retirer sa pension reste un parcours semé d’obstacles. Les dates de paiement fixées par la CNR ne sont souvent pas respectées. Le jour de la paie, des retraités découvrent que leur argent n’a pas été versé selon le planning. Ils doivent prendre leur mal en patience pendant 24 heures et parfois 48 heures quand la date de versement coïncide avec un vendredi.

Officiellement, la CNR indique que « les dates de paiement des pensions et allocations de retraite par voie bancaire sont similaires à celles en vigueur dans les réseaux postaux » et cite notamment les 20, 22, 24 et 26 de chaque mois comme échéances usuelles.

Pourtant, nombre de retraités rapportent que ces dates ne sont pas respectées : « le jour de la paie on nous dit : il n’y a pas de versement ». Un tel état de fait comporte plusieurs risques : fatigue accrue pour les intéressés, déplacements et attentes inutiles, perte de temps, et potentiellement exclusion de ceux qui ne peuvent se déplacer. Le déplacement est d’autant plus pénible qu’il intervient souvent à une date incertaine, voire à plusieurs jours de retard, ce qui perturbe l’organisation budgétaire de retraites déjà modestes.

À cela s’ajoutent les AGIO et autres frais bancaires prélevés sur leurs pensions, souvent opaques et mal expliqués. Les retraités s’interrogent : combien de leur maigre allocation disparaît dans ces commissions ? Ils exigent transparence et réduction de ces prélèvements, qui grèvent un budget déjà fragile.

Au-delà de ces préoccupations immédiates, une revendication de longue date demeure : la revalorisation des pensions. En effet, la CNR a annoncé une revalorisation des allocations et pensions entre 3 % et 5 % à compter de mai 2025, versée à partir de juin, avec effet rétroactif.  Malgré cette annonce, de nombreux retraités estiment que l’augmentation est insuffisante, voire qu’ils ne l’ont pas encore perçue dans les faits, et surtout que cette revalorisation ne compense pas l’inflation et la dégradation du pouvoir d’achat. Par ailleurs, la revendication d’une hausse plus substantielle (souvent évoquée autour de 15 %) reste d’actualité, comme le rappelait la FNTR.

Excédés par une situation devenue insoutenable, les retraités algériens élèvent une voix de plus en plus ferme pour réclamer des mesures concrètes garantissant le respect de leurs droits fondamentaux. Leur principale revendication porte sur le respect strict du calendrier de versement des pensions, sans aucun retard, ni report inexpliqué. Ils demandent également qu’en cas d’ajustement exceptionnel, une communication officielle et anticipée leur soit adressée, afin de préserver leur dignité et leur sécurité financière.

Les retraités appellent en outre à l’élimination des déplacements obligatoires vers les agences postales ou bancaires, souvent éprouvants en raison des longues files d’attente et des conditions climatiques difficiles. Ils plaident pour un versement automatique des pensions, soit à domicile, soit via des guichets simplifiés accessibles et adaptés à leur âge, afin d’éviter fatigue, stress et désagréments.

 

Par ailleurs, les bénéficiaires de pension réclament une transparence totale sur les frais et retenues bancaires. Ils exigent que les banques et la Caisse nationale des retraites (CNR) clarifient de manière détaillée le type, le montant et la justification des prélèvements effectués, tout en veillant à ce qu’aucun retraité ne soit injustement pénalisé par des agios ou des frais de gestion disproportionnés.

Face à une inflation galopante et à la dégradation du pouvoir d’achat, ils revendiquent aussi une revalorisation équitable et rapide des pensions, fondée sur le coût réel de la vie et la fragilité économique de cette catégorie sociale souvent marginalisée.

Enfin, les retraités interpellent la Fédération nationale des travailleurs retraités (FNTR), qu’ils appellent à jouer pleinement son rôle de défenseur actif de leurs droits, en collaborant étroitement avec la CNR et les institutions bancaires pour améliorer les conditions de versement et renforcer la justice sociale.

Cette mobilisation témoigne d’un malaise profond et d’une exigence de dignité : celle de citoyens ayant servi leur pays et qui aspirent désormais à vivre leur retraite dans le respect, la sécurité et la transparence.

Sara Boueche

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