Presque une année après sa naissance, d’aucuns s’interrogent sur la véritable mission de cette instance et sur ses réels objectifs.
Installée le 17 février 2020, l’instance de médiation présidée par Karim Younes, ancien président de l’APN, a-t-elle atteint son objectif ? Presque une année après sa naissance, d’aucuns s’interrogent sur la véritable mission de cette instance et sur ses réels objectifs.
Si Karim Younes, le médiateur de la République, affirme que son instance était indépendante et placée auprès du président de la République afin d’«accompagner et faciliter toute mesure garantissant les droits des citoyens», sur le terrain nombreux sont les Algériens qui se plaignent toujours des phénomènes de la bureaucratie, de la corruption, de l’anarchie et surtout du non-respect de leurs droits les plus élémentaires, certains ignorent même l’existence du «médiateur»…
Jeudi dernier, lors d’une conférence nationale sur le médiateur de la République, Karim Younes a affirmé que le rôle de son instance était, entre autres, la lutte contre la corruption, la bureaucratie, la marginalisation et les abus administratifs que subissent les citoyens.
Cette instance, d’après son animateur, est habilitée à mener également des investigations nécessaires, suite à une saisine éventuelle, et si nécessaire en référer aux hiérarchies administratives ou à la justice, pour rétablir le citoyen dans ses droits !
Corruption
- Younes a reconnu que le phénomène de la corruption continue de gangrener la société et mine l’administration. Il a invité, dans ce sens, les citoyens et les investisseurs, victimes de chantage, à déposer plainte auprès des autorités compétentes.
- Younes a révélé qu’un rapport annuel de l’instance était en cours d’élaboration, au même titre qu’un autre sur les «principales préoccupations des citoyens dans les domaines de l’éducation, de la santé, de l’investissement, de l’économie et de l’administration, avec la formulation d’une série de propositions».
Dans ce sens, le médiateur a fait, justement, part des multiples plaintes reçues à son niveau et relatives aux dysfonctionnements des instances centrales de l’Etat, des collectivités locales et des services publics, afin de les traiter dans le cadre des dispositions législatives et réglementaires en vigueur.
Depuis le 17 février jusqu’au 2 décembre passé, les services centraux de la médiation ont reçu, d’après M. Younes, un total de 4793 requêtes, dont 888 ont été traitées. Plus explicite, il dit avoir «reçu personnellement 2793 citoyens, toutes franges sociales confondues, venus des quatre coins du pays», faisant savoir que «leurs requêtes ont été étudiées et transmises aux secteurs concernés pour une prise en charge».
Il ressort de l’analyse des requêtes reçues que plus de 29% d’entre elles concernent le ministère de l’Intérieur et des Collectivités locales et que la wilaya d’Alger arrivait, selon le médiateur, en tête avec 883 requêtes et réceptions, suivie des wilayas d’Oran (102), de Sétif (76) et de Skikda avec 75 requêtes.
Le médiateur est secondé par des délégués locaux, ces derniers, a tenu à préciser M. Younes, «ne sont ni des walis, ni des juges chargés de rendre justice ou des avocats chevronnés encore moins de simples fonctionnaires», mais juste «tantôt facilitateurs et réconciliateurs entre les parties, tantôt conseillers !» Et d’inviter le délégué du médiateur de la République à «faire preuve d’impartialité