AIN-TEMOUCHENT / Manifestations du 11 décembre 1960 Un événement décisif pour le peuple algérien

Les manifestations du 11 décembre 1960, dont la première étincelle a été déclenchée à Aïn-Temouchent deux jours auparavant, sont « un événement historique décisif à la fois pour le peuple algérien et pour tous les peuples luttant contre toutes formes de colonialisme et d’oppression », a indiqué Mohamed Lahcen Zeghidi, historien et enseignant à l’université d’Alger.

Dans un entretien accordé à l’APS à la veille du 60ème anniversaire de cette date historique, l’universitaire Zeghidi considère que les manifestations du 11 décembre 1960 « ont été la cause directe de la prise de la plus grande décision à l’échelle mondiale, toujours en vigueur jusqu’à présent, garantissant aux peuples le droit à l’autodétermination ».

« La résolution 15/14 du 14 décembre 1960, adoptée lors de la 15ème session des Nations unis, affirme le droit des peuples à l’autodétermination et oblige, alors, la France à entamer avec l’Algérie des négociations sans conditions préalables », a-t-il précisé.

Mohamed Lahcène Zeghidi a rappelé que la première étincelle des manifestations de décembre 1960 a été déclenchée à Aïn-Temouchent, lors de la visite du général de Gaulle, le 9 décembre, accompagné d’une délégation de journalistes dont des correspondants internationaux accrédités à Paris.

« Les représentants de la presse, loin de voir le général de Gaulle reçu comme un leader, ont été surpris d’assister, à la première étape, le 9 décembre dans cette ville, à de gigantesques manifestations du peuple algérien rejetant le projet politique de la France coloniale », a-t-il relaté, précisant que ces mêmes journalistes avaient été témoins des affrontements qui avaient lieu à Oran, le jour suivant (10 décembre), puis le 11 décembre qui avait connu des massacres odieux commis par l’armée française contre un peuple isolé dans toutes les régions du pays ».

« Toutes ces scènes de massacres ont été décrites et des photos ont accompagné les reportages retransmis, le jour suivant, à l’adresse du monde entier », a souligné M. Zeghidi, ajoutant que « les délégués participant à la 15ème session de l’ONU ont brandi sur place des journaux paraissant dans toutes les langues retraçant les événements qui avaient eu lieu en Algérie et qui faisaient la Une de la presse mondiale.

« Les manifestations du 11 décembre 1960 ont unifié le monde entier autour de la question algérienne pour l’autodétermination, car le monde a pris conscience de la vérité, ce qui a conduit à la reconnaissance du droit du peuple algérien à l’autodétermination et a franchi des étapes importantes », a-t-il souligné, ajoutant que « le monde entier a réalisé que ce qui se passait en Algérie était une révolution populaire et que tout le peuple algérien était derrière son gouvernement provisoire et ses leaders politiques luttant pour l’indépendance et rejetant tous les marchandages. »

Un mouvement organisé et non spontané

L’historien et enseignant à l’université d’Alger a souligné que les manifestations du 11 décembre 1960, dont la première étincelle a été déclenchée le 9 décembre à Aïn-Temouchent, « étaient organisées et non spontanées ». Il explique que chaque personne agissait dans le cadre de la guerre dans toutes les régions du pays et avait une mission précise dont elle était chargée d’accomplir sur ordre et supervision des cellules civiles du FLN (Front de libération nationale), ainsi que par les cellules de l’ALN (Armée de libération nationale). « Il n’y avait donc pas de faits spontanés. Tout était organisé par les structures de la guerre de libération », a souligné l’universitaire.

A ce propos, le chercheur a indiqué que « la guerre de libération, encadrée davantage après le congrès de la Soummam, est arrivée à structurer le peuple dans le cadre de cellules et d’organisations associatives révolutionnaires. Elle a réussi à faire aboutir sa voix dans tous les pays du monde, à l’instar de l’installation d’organisations diplomatiques dans de nombreux pays ».

« Il n’était pas possible qu’il ait eu des événements spontanés de la taille et de la dimension des manifestations du 11 décembre 1960 », a-t-il estimé.

L’historien a rappelé également les tentatives des appareils du général De Gaulle de « réussir sa visite à Aïn-Temouchent, comptant pour ce faire sur les colons, avant d’être confrontés, ce jour là, à un accueil humiliant pour le général colonialiste et un impact sur sa politique, ce qui s’était traduit également dans son discours de déception en date du 4 novembre 1960 ».

Le Dr. Zeghidi a ajouté qu’ « à l’issue de ces préparatifs, le FLN a réussi à convaincre les paysans d’Aïn Temouchent à agir pour contrecarrer les appels des colons ».

Dans ce contexte, l’historien explique : « c’est pour cela qu’il y a eu, à l’arrivée de la délégation, deux groupes opposés, l’un composé de colons répétant les slogans de +l’Algérie française+, et les Algériens, venus pour faire entendre à de Gaulle, à sa délégation et à ses colons, le cri de « Algérie algérienne+, avec pour mot d’ordre » « Algérie indépendante », adopté par le FLN, avant que l’étincelle des manifestations se déclenche et se généralise à toutes les régions du pays ».

 

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