La situation en Birmanie rappelle le début de la guerre en Syrie

Le temps n’est plus où les coups d’État ne provoquaient aucune protestation internationale. Les pays du Sud-Est asiatique voisins de la Birmanie sont visiblement inquiets de la prise de pouvoir par l’armée le 1er février. Le 24 avril, le général Min Aung Hlaing, chef d’état-major de l’armée birmane, n’a pas pu refuser d’aller à Jakarta pour participer au sommet organisé par les pays de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (Asean). Cette réunion était précisément consacrée à la situation de la Birmanie, elle-même membre de cette association. L’Asean, qui compte une dizaine de pays, a été créée au temps de la Guerre froide et se définit aujourd’hui comme un espace où «peuvent se régler les problèmes régionaux».

Ce 24 avril, les dirigeants de l’Indonésie, du Vietnam, de Singapour, de la Malaisie, du Cambodge et de Brunei étaient présents, ainsi que les ministres des Affaires étrangères du Laos, de la Thaïlande et des Philippines. Le général Min Aung Hlaing a été reçu en Indonésie en tant que «chef de l’armée birmane». À aucun moment, il n’a été reconnu comme dirigeant de la Birmanie. Il n’a pas eu droit à un entretien particulier avec les dirigeants du sommet. En revanche, il a pu entendre le président indonésien, Joko Widodo, synthétiser le point de vue de l’Asean en demandant que les militaires birmans arrêtent les violences, restaurent la démocratie, libèrent les prisonniers politiques, autorisent une aide humanitaire.

Lee Hsien Loong, le Premier ministre de Singapour, a estimé sans plus de précision que le leader de la junte birmane avait «entendu» ce discours ferme et qu’il n’était pas opposé «à ce que l’Asean joue un rôle constructif dans la résolution de la crise birmane». Le communiqué final de ce sommet réclame en tout cas que des émissaires de l’Asean «aient accès et puissent dialoguer avec toutes les parties en cause dans le pays et ainsi faciliter la médiation». La question des prisonniers politiques n’apparaît pas dans ce texte, signe que Min Aung Hlaing s’y est opposé.

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Les suites en Birmanie de ce qui s’est dit le 24 avril à Jakarta sont difficiles à prévoir. Pendant ce sommet, les manifestations se sont poursuivies en Birmanie et ont été, comme les jours précédents, fermement réprimées. L’Asean attend clairement un autre comportement de la junte birmane et est prête à organiser des contrôles sur place. Mais le Global New Light of Myanmar, le journal contrôlé par l’armée birmane, indiquait simplement le 25 avril qu’au cours de cette réunion de l’Asean, le général Min Aung Hlaing avait parlé des «changements politiques» du pays. Il n’est pas fait allusion à l’arrêt des violences demandé par l’Asean.

Les généraux birmans putschistes s’attendaient-ils à ce qu’ils ont provoqué? Une intense hostilité est apparue contre ce nouveau pouvoir, qui fait revenir le pays des années en arrière. Dans la plupart des villes birmanes, des manifestations se succèdent pour réclamer le retour à la démocratie et la libération de la dirigeante Aung San Suu Kyi. L’armée réprime durement. L’Association d’assistance aux prisonniers politiques (AAPP), organisation non gouvernementale très présente en Birmanie, estime que près de 3.000 personnes ont été arrêtées et plus de 700 manifestants tués depuis début février. Le régime n’en reconnaît que 248.

(SELON MSN)

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