L’Algérino, enfant de la patrie rap

L’artiste marseillais sort un neuvième album estival et efficace. L’occasion de le retrouver sur ses terres.

 

L’endroit est impénétrable pour les non-croyants. Et les nordistes. Nous sommes chez les Winners, siège des supporteurs de l’OM (virage sud). Dans une pièce où flotte une odeur de bière, de sueur et de tabac froid, L’Algérino en maillot blanc est attablé avec le taulier du lieu. Le chanteur n’est pas un ultra, mais il aime venir ici siroter un café, regarder les matchs, tailler une bavette. Celui qui a longtemps fui les médias se révèle grand bavard, très curieux. « J’ai grandi dans une cité où toutes les cultures cohabitaient, ça m’a beaucoup ouvert au monde. Certains ont peur de la différence, moi, c’est justement ce qui m’attire », confesse-t-il. S’il est né dans le centre de la cité phocéenne, c’est au milieu de barres d’immeubles qu’il a fait ses armes. Nous voilà donc à la Savine, où, petit, il se baignait dans un canal, cueillait des prunes, faisait du poney. « À l’époque, c’était un labyrinthe de bâtiments perchés sur une colline verdoyante. On ne manquait de rien. » Aujourd’hui encore, il s’y sent comme chez lui.

« Bien sûr qu’un jeune de cité peut avoir de l’ambition. Il n’y a pas de fatalité à grandir ici

« 

Le petit Samir est issu d’une tribu de neuf bambins. À la maison, ses parents écoutent de la musique orientale, du raï et du funk, au moment où lui découvre les clips de MC Hammer et admire les « grands » qui commencent à danser et à taguer dans le quartier. « On sentait le début d’un mouvement. C’était magique. » Premier de la classe, tête en maths et en physique, il se voit dans « un métier noble, dit-il, ingénieur, médecin ou avocat ». Sauf que sa plume, elle, vole vers le rap. Un don qu’il préfère mettre en sourdine. « Beaucoup de gens voyaient cette musique d’un mauvais œil. » Parmi ceux qui évoluent autour de lui, Soprano et Alonzo, vite rejoints par Jul et SCH. « Bien sûr qu’un jeune de cité peut avoir de l’ambition. Il n’y a pas de fatalité à grandir ici. » L’Algérino aime sa ville, clame l’avoir « dans le sang », ne pas savoir ce qu’il serait sans elle. Il adore qu’elle lui rappelle cette Algérie d’où ses parents sont originaires, admet même aller aux puces pour retrouver l’ambiance des bazars orientaux.

Trois disques d’or, près de 3 milliards de vues sur YouTube, des tubes à la pelle

Après avoir été repéré par Akhenaton, figure de IAM, en 2001, L’Algérino explose à Marseille puis dans toute la France et à l’international. Ses sons dansants, estivaux qui donnent envie de bouger séduisent : trois disques d’or, près de 3 milliards de vues sur YouTube, des tubes à la pelle. « Je fais ce que certains appellent du “commercial”. Les rappeurs pourraient me regarder de travers, mais quand tu as autant de succès, on te respecte. On m’appelle trop souvent pour me demander un hit. Je préférerais juste que ce soit pour faire de la musique. » Hors studio, L’Algé a longtemps été accro au poker – « j’ai décroché, et heureusement ! Ça me prenait trop de temps ! ». Désormais, il s’intéresse aux étoiles, et pourrait en parler pendant des heures. Galaxies, trous noirs… il est intarissable sur le sujet.

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Pour notre séance photo, nous avions choisi un endroit tranquille. Il ne l’est resté qu’une poignée de minutes avant d’être envahi par une horde d’adolescents extatiques qui avaient repéré de loin la banane d’Elvis et la chemise fleurie du rappeur bling-bling. Une centaine de selfies plus tard, avec à chaque fois un petit mot pour ceux qui l’accostent, et nous voilà repartis. « Ce que je fais, c’est par passion. En latin, ça veut dire : ce que l’âme subit. Une passion, ça peut être violent, prenant… Je le sais. Le jour où je ne contrôlerai plus, j’arrêterai. Et j’irai au café discuter avec les potes. » Mais jamais loin de la Bonne Mère.

(SELON MSN)

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