«Bahr Ettofane» : Une tragi-comédie poignante sur l’immigration clandestine secoue les rues d’Annaba 

La placette publique ‘’1er Novembre’’ d’El Bouni a été le théâtre d’une performance artistique captivante et profondément émouvante. Sous l’égide de l’Assemblée Populaire Communale (APC),en collaboration avec le service des affaires sociales, culturelles, sportives et touristiques représenté par Mr Bilel Merabet, une troupe de comédiens locaux a présenté «Bahr Ettofane» , une pièce de théâtre de rue abordant la délicate question de l’immigration clandestine et ses répercussions dévastatrices sur les familles et la société algérienne.

Cette œuvre, du grand comédien et metteur en scène Mr Gouri Abdelhamid, mêlant habilement tragédie et comédie, a su captiver un large public en transformant la placette publique d’El Bouni en une scène à ciel ouvert. Le choix du théâtre de rue comme médium artistique n’est pas anodin : il permet de toucher un public diversifié et de démocratiser l’accès à la culture, tout en créant une expérience immersive pour les spectateurs.

«Bahr Ettofane» met en lumière les motivations complexes qui poussent de jeunes Algériens à risquer leur vie en traversant la Méditerranée, espérant trouver un avenir meilleur sur les côtes européennes. La pièce ne se contente pas d’explorer les dangers physiques de ces traversées périlleuses, mais s’attarde également sur les conséquences psychologiques et sociales de ces départs, tant pour les individus que pour leurs proches restés au pays.

À travers une narration poignante entrecoupée de moments d’humour noir, la pièce dresse un portrait saisissant des familles déchirées, des rêves brisés et des communautés affectées par ce phénomène. Les comédiens, par leur jeu nuancé, parviennent à incarner la douleur des mères qui perdent leurs enfants dans les flots, l’angoisse des épouses attendant des nouvelles de leurs maris partis, et le désespoir des jeunes voyant leurs aspirations réduites à néant.

L’utilisation de la comédie dans ce contexte tragique permet non seulement d’alléger la lourdeur du sujet, mais aussi de créer un espace de réflexion critique sur les politiques migratoires et les conditions socio-économiques qui alimentent ce flux migratoire. Les rires provoqués par certaines scènes laissent rapidement place à une réflexion plus profonde sur les enjeux sociétaux sous-jacents.

Cette initiative de l’APC d’Annaba s’inscrit dans une démarche plus large de sensibilisation et de prévention face aux dangers de l’immigration clandestine. En choisissant l’art comme vecteur de message, les autorités locales espèrent toucher les cœurs et les esprits, particulièrement ceux des jeunes qui pourraient être tentés par l’aventure.

«Bahr Ettofane» ne se contente pas de dépeindre une réalité sombre ; elle ouvre également un dialogue sur les solutions possibles et l’importance de créer des opportunités locales pour la jeunesse algérienne. La pièce se termine sur une note d’espoir, appelant à la solidarité et à l’action collective pour construire un avenir meilleur au sein même du pays.

En conclusion, cette représentation théâtrale innovante démontre le pouvoir de l’art comme outil de sensibilisation sociale. En portant sur la place publique un sujet aussi sensible que l’immigration clandestine, «Bahr Ettofane» contribue à nourrir un débat nécessaire et à promouvoir une prise de conscience collective face à ce défi majeur pour la société algérienne contemporaine.

Sara Boueche

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