La peau des requins, reflet d’une vie sociale

La pandémie de Covid-19 l’a démontré de manière éclatante : notre vie sociale est essentielle, mais elle nous expose aux risques de contaminations par des pathogènes ou des parasites. Ceci est également vrai pour les requins, dont la vie de groupe a longtemps été négligée tant nous étions aveuglés par leur réputation de solitaires sanguinaires (1). Certaines espèces, comme les requins gris de récif, sont désormais célèbres pour leurs chasses qui agrègent parfois des centaines d’individus. Ce comportement favorise les captures de proies, mais les requins se frôlent, échangeant leurs petites bêtes au passage. Parmi eux, les redoutables copépodes parasites, des crustacés qui se fixent sur la peau des poissons et pompent leur sang (3).

Le phénomène n’est pas anecdotique : une étude récente de Humberto Ferrón et José Palacios-Abella de l’université de Valence (Espagne) montre que parmi 216 espèces de requins, les plus sociales hébergent une plus grande diversité d’ectoparasites. La fixation de ces passagers clandestins sur la peau des requins est facilitée par les denticules, de minuscules écailles dont la structure favorise l’hydrodynamisme. En effet, les multiples interstices présents entre les denticules sont autant de refuges pour les larves de parasites.

Multiples contraintes évolutives

Mais les requins vampirisés par les copépodes et autres bestioles s’adaptent : comme le montrent les scientifiques espagnols qui ont inspecté des centaines d’échantillons de peau de requin au microscope, les denticules des espèces les plus sociales ne se présentent pas sous la forme d’un tapis d’écailles planes recouvrant un réseau d’interstices, mais plutôt comme des éperons dressés sur lesquels les larves de parasites glissent sans pouvoir se fixer. De plus, ces requins sociaux ne sont qu’en partie recouverts de denticules ; leurs corps sont principalement glabres et lisses, n’offrant aucun point d’ancrage aux parasites qui tenteraient de changer de victime au cours des nages en groupe.

Pour les auteurs de l’étude, les requins doivent néanmoins composer avec de multiples contraintes évolutives qui toutes façonnent les structures tridimensionnelles de leur peau. Les requins se nourrissent peu et de manière intermittente. L’hydrodynamisme des denticules est donc essentiel car il permet une nage très économique sur de grandes distances. De plus, l’armure des denticules protège les requins des blessures, notamment autour de la bouche et sur le bord d’attaque des nageoires.

«Etape essentielle»

Erin Dillon, qui étudie la paléoécologie des requins à l’université de Californie à Santa Barbara, est cependant convaincue par les découvertes de ses collègues européens : «On a longtemps suspecté l’importance des denticules de requins comme barrière antiparasitaire ; leur étude est une étape essentielle vers une validation de cette hypothèse.»

Les requins sont présents dans les océans depuis approximativement 450 millions d’années, comme le témoignent les très nombreux fossiles. Les roches sédimentaires fournissent également des informations sur la structure de la peau des requins. Une fois sous la loupe binoculaire, celle-ci témoignera bientôt des batailles évolutives du passé entre les poissons de grande taille et leurs parasites.

(SELON MSN)

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